vendredi 29 septembre 2006

Redeker (I)

Voici un certain nombre de documents relatifs à la fatwa contre Redeker :

I. texte de l'article de R.R.
II. Extraits de l'interview, parue dans Libération du 23/09/2006, d'Abdelwahab Meddeb, universitaire, producteur de l'émission "Cultures d'islam" sur France Culture, chaque dimanche de 18h10 à 19h.
III. Dossier de l'UPJF sur la fatwa contre R. Redeker, en cinq points.




I. texte de l'article de R.R. paru dans le Figaro du 19/09/06.




Les réactions suscitées par l’analyse de Benoît XVI sur l’islam et la violence s’inscrivent dans la tentative menée par cet islam d’étouffer ce que l’Occident a de plus précieux qui n’existe dans aucun pays musulman : la liberté de penser et de s’exprimer.

L’islam essaie d’imposer à l’Europe ses règles : ouverture des piscines à certaines heures exclusivement aux femmes, interdiction de caricaturer cette religion, exigence d’un traitement diététique particulier des enfants musulmans dans les cantines, combat pour le port du voile à l’école, accusation d’islamophobie contre les esprits libres.

Comment expliquer l’interdiction du string à Paris-Plages, cet été ? Étrange fut l’argument avancé : risque de «troubles à l’ordre public». Cela signifiait-il que des bandes de jeunes frustrés risquaient de devenir violents à l’affichage de la beauté ? Ou bien craignait-on des manifestations islamistes, via des brigades de la vertu, aux abords de Paris-Plages ?

Pourtant, la non-interdiction du port du voile dans la rue est, du fait de la réprobation que ce soutien à l’oppression contre les femmes suscite, plus propre à «troubler l’ordre public» que le string. Il n’est pas déplacé de penser que cette interdiction traduit une islamisation des esprits en France, une soumission plus ou moins consciente aux diktats de l’islam. Ou, à tout le moins, qu’elle résulte de l’insidieuse pression musulmane sur les esprits. Islamisation des esprits : ceux-là même qui s’élevaient contre l’inauguration d’un Parvis Jean-Paul-II à Paris ne s’opposent pas à la construction de mosquées. L’islam tente d’obliger l’Europe à se plier à sa vision de l’homme.

Comme jadis avec le communisme, l’Occident se retrouve sous surveillance idéologique. L’islam se présente, à l’image du défunt communisme, comme une alternative au monde occidental. À l’instar du communisme d’autrefois, l’islam, pour conquérir les esprits, joue sur une corde sensible. Il se targue d’une légitimité qui trouble la conscience occidentale, attentive à autrui : être la voix des pauvres de la planète. Hier, la voix des pauvres prétendait venir de Moscou, aujourd’hui elle viendrait de La Mecque ! Aujourd’hui à nouveau, des intellectuels incarnent cet oeil du Coran, comme ils incarnaient l’oeil de Moscou hier. Ils excommunient pour islamophobie, comme hier pour anticommunisme.

Dans l’ouverture à autrui, propre à l’Occident, se manifeste une sécularisation du christianisme, dont le fond se résume ainsi : l’autre doit toujours passer avant moi. L’Occidental, héritier du christianisme, est l’être qui met son âme à découvert. Il prend le risque de passer pour faible. À l’identique de feu le communisme, l’islam tient la générosité, l’ouverture d’esprit, la tolérance, la douceur, la liberté de la femme et des moeurs, les valeurs démocratiques, pour des marques de décadence.

Ce sont des faiblesses qu’il veut exploiter au moyen «d’idiots utiles», les bonnes consciences imbues de bons sentiments, afin d’imposer l’ordre coranique au monde occidental lui-même.

Le Coran est un livre d’inouïe violence. Maxime Rodinson énonce, dans l’Encyclopédia Universalis, quelques vérités aussi importantes que taboues en France. D’une part, «Muhammad révéla à Médine des qualités insoupçonnées de dirigeant politique et de chef militaire (...) Il recourut à la guerre privée, institution courante en Arabie (...) Muhammad envoya bientôt des petits groupes de ses partisans attaquer les caravanes mekkoises, punissant ainsi ses incrédules compatriotes et du même coup acquérant un riche butin».

D’autre part, «Muhammad profita de ce succès pour éliminer de Médine, en la faisant massacrer, la dernière tribu juive qui y restait, les Qurayza, qu’il accusait d’un comportement suspect». Enfin, «après la mort de Khadidja, il épousa une veuve, bonne ménagère, Sawda, et aussi la petite Aisha, qui avait à peine une dizaine d’années. Ses penchants érotiques, longtemps contenus, devaient lui faire contracter concurremment une dizaine de mariages».

Exaltation de la violence : chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran.

De fait, l’Église catholique n’est pas exempte de reproches. Son histoire est jonchée de pages noires, sur lesquelles elle a fait repentance. L’Inquisition, la chasse aux sorcières, l’exécution des philosophes Bruno et Vanini, ces mal-pensants épicuriens, celle, en plein XVIIIe siècle, du chevalier de La Barre pour impiété, ne plaident pas en sa faveur. Mais ce qui différencie le christianisme de l’islam apparaît : il est toujours possible de retourner les valeurs évangéliques, la douce personne de Jésus contre les dérives de l’Église.

Aucune des fautes de l’Église ne plonge ses racines dans l’Évangile. Jésus est non-violent. Le retour à Jésus est un recours contre les excès de l’institution ecclésiale. Le recours à Mahomet, au contraire, renforce la haine et la violence. Jésus est un maître d’amour, Mahomet un maître de haine.

La lapidation de Satan, chaque année à La Mecque, n’est pas qu’un phénomène superstitieux. Elle ne met pas seulement en scène une foule hystérisée flirtant avec la barbarie. Sa portée est anthropologique. Voilà en effet un rite, auquel chaque musulman est invité à se soumettre, inscrivant la violence comme un devoir sacré au coeur du croyant.

Cette lapidation, s’accompagnant annuellement de la mort par piétinement de quelques fidèles, parfois de plusieurs centaines, est un rituel qui couve la violence archaïque.

Au lieu d’éliminer cette violence archaïque, à l’imitation du judaïsme et du christianisme, en la neutralisant (le judaïsme commence par le refus du sacrifice humain, c’est-à-dire l’entrée dans la civilisation, le christianisme transforme le sacrifice en eucharistie), l’islam lui confectionne un nid, où elle croîtra au chaud. Quand le judaïsme et le christianisme sont des religions dont les rites conjurent la violence, la délégitiment, l’islam est une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine.

Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran. Comme aux temps de la guerre froide, violence et intimidation sont les voies utilisées par une idéologie à vocation hégémonique, l’islam, pour poser sa chape de plomb sur le monde. Benoît XVI en souffre la cruelle expérience. Comme en ces temps-là, il faut appeler l’Occident «le monde libre» par rapport à au monde musulman, et comme en ces temps-là les adversaires de ce «monde libre», fonctionnaires zélés de l’oeil du Coran, pullulent en son sein.


II. Extraits de l'interview, parue dans Libération du 23/09/2006, d'Abdelwahab Meddeb, universitaire, producteur de l'émission "Cultures d'islam" sur France Culture, chaque dimanche de 18h10 à 19h.

[...] L'un des pays musulmans censé être le défenseur de l'islam de la manière la plus forte, l'Arabie Saoudite, a sur son drapeau la profession de foi islamique, avec des lettres tellement allongées qu'elles deviennent des lances agressives, et en dessous le glaive. Pour construire un monde en commun dans le respect de la diversité, il faut un dialogue, qui ne doit pas être de complaisance. La question de la violence de l'islam est une vraie question [...]

Question : La violence dans l'islam est-elle une réalité ?
Les musulmans doivent admettre que c'est un fait, dans le texte comme dans l'histoire telle qu'ils la représentent eux-mêmes, en un mode qui appartient plus à l'hagiographie qu'à la chronique. Nous avons à faire à un Prophète qui a été violent, qui a tué et qui a appelé à tuer. La guerre avec les Mecquois fut une guerre de conversion. Il y a eu aussi la guerre avec les juifs et le massacre des juifs à Médine, décidé par le Prophète.

Question : Que dit précisément le Coran ?
Il est ambivalent. Il y a le verset 256 de la deuxième sourate qui dit «point de contrainte en religion». Mais aussi les versets 5 et surtout 29 de la sourate 9, «le verset de l'épée», où il est commandé de combattre tous ceux qui ne croient pas à «la religion vraie». L'impératif qâtilû, que l'on traduit par «combattez», utilise une forme verbale dont la racine qatala veut dire «tuer». Le verset 5 est explicitement contre les païens et les idolâtres, aménageant, en revanche, une reconnaissance aux scripturaires, aux gens de l'écriture. Le verset 29, lui, englobe dans ce combat les scripturaires désignant nommément les juifs et les chrétiens. C'est le verset fétiche de ceux qui ont établi la théorie de la guerre contre les judéo-croisés. L'islamisme est, certes, la maladie de l'islam, mais les germes sont dans le texte lui-même.

[...]

http://www.liberation.fr/transversales/weekend/206211.FR.php

Dernier ouvrage d'Abdelwahab Meddeb : Contre-prêches, Seuil, 2006.

III. Dossiers de l'UPJF

1. Affaire Redeker: le droit d'expression à l’épreuve de l'intimidation islamiste, par J.P. Bensimon
2. Menacé de mort et entré dans la clandestinité, R. Redeker écrit à André Glucksmann
3. Redeker sous le coup d’une fatwa mortelle: «C'est dur de devoir tout à coup me cacher»
4. Le cas du professeur "fatwaïsé" largement évoqué dans deux JT de France2
5. Avant le cas Redeker, il y eut (il y a encore…) le cas Chagnon

A lire sur le site : http://www.upjf.org/

dimanche 24 septembre 2006

Courrier des lecteurs : à propos du départ des Juifs d'Irak pour Israël

Suite à notre article du 29 mai 2006, Anatole: Ne pas laisser passer concernant les accusations faites contre Israël par P. Stambul, lors d'un colloque du MRAP, à propos du départ des Juifs d'Irak dans les années 1950 [selon ces accusations, le Mossad aurait effectué des attentats contre des lieux juifs en Irak afin de favoriser le départ des Juifs pour Israël (rappelons aussi qu'en avril 2002, José Bové, qui s'est rétracté par la suite, faisait référence à ces accusations pour lancer l'hypothèse que le Mossad aurait commandité les attaques contre des synagogues en France)], nous avions reçu à l'époque plusieurs commentaires que nous avions publiés; trois nouveaux messages nous sont parvenus à ce sujet hier, d'un internaute qui dit s'appeler Naiem Giladi. Voici son message :

J'ai écrit cet article [Comment les Britanniques et les sionistes ont provoqué l'exode de 120 000 Juifs d'Iraq après 1948] pour la même raison que j'ai écrit mon livre [Ben-Gurion's scandals] : pour dire au peuple usaméricain, et particulièrement aux juifs usaméricains, que les juifs des pays musulmans n'ont pas émigré volontairement en Israël ; que, pour les forcer à partir, des juifs ont tué des juifs ; et que, pour gagner du temps afin de confisquer toujours plus de terres arabes, les juifs ont rejeté à de nombreuses reprises de véritables initiatives de paix de leurs voisins arabes. J'écris au sujet de ce que le premier Premier ministre d'Israël a appelé le « sionisme cruel. » J'écris à son sujet parce que j'en faisais partie.

Je ne doute pas qu'un Juif originaire d'Irak du nom de Naeim Giladi écrive des livres et des articles hostiles à Israël : on sait que, malheureusement, les accusations de la propagande irakienne de cette époque contre le Mossad ont été favorablement reçues par une partie des Juif irakiens, surtout après les difficultés d'intégrations que nombre d'entre eux ont connu en Israël (voir l'article de Haïm Saadoun intitulé "Y a-t-il eu une provocation "sioniste" en Irak pour encourager l'émigration des Juifs d'Irak" publié dans L'exclusion des Juifs des pays arabes, Pardès n°34).

Or, il n'est pas nécessaire de supposer que le Mossad n'aurait jamais fait de coups tordus pour comprendre ce qu'il en est du discours de Naiem/Naeim Giladi. Avant de dire pourquoi, rappelons tout de même l'une des remarques de Haïm Saadoun : avant même les attentats contre des lieux juifs en Irak dans les années 1950 et 1951, le départ des Juifs vers Israël était si important qu'il n'y avait aucune raison pour Israël de l'encourager. Les raisons de cette fuite étant d'ailleurs assez claires, après le Farhoud (violences antisémites en 1941), puis la guerre à laquelle avait participé l'Irak contre Israël à la création de celui-ci en 1948, la condition des Juifs en Irak était devenue de plus en plus intenable. Le témoignage de Herzlia Lokai de Arbil (L'exclusion des Juifs des pays arabes, p. 209) sur l'enfer qu'elle a vécu dans son pays d'origine dans les années 1948/1950 avant de le quitter pour Israël est à cet égard assez édifiant. Et les tortures que les hommes du pouvoir irakien ont infligées à une petite fille juive de 12 ans, Raymonde Muallem (lire son témoignage, op. cit., p. 205) vingt ans plus tard, à une époque (1969) où il ne reste plus que quelques milliers de Juifs en Irak, montre que cette condition des Juifs d'Irak ne devait certes pas s'adoucir avec le temps.

Ceci étant, voici pourquoi en tout état de cause, sans exclure qu'une petite partie de ses affirmations soient exactes, nous n'accorderons globalement guère de crédit au contenu des livres et articles de Naeim Giladi :

1. Au-delà des accusations ponctuelles contre le Mossad en Irak, Giladi affirme de manière générale que les Juifs des pays musulmans auraient quitté ces pays du fait d'actions menées par les Juifs eux-même. Il occulte ainsi totalement une réalité historique qui, pour être mal connue de nos contemporains, n'en n'est pas moins très documentée : celle des nombreux massacres, persécutions, spoliations dont les Juifs ont été victimes dans l'ensemble du monde arabe avant, pendant et après la création de l'Etat d'Israël. Au livre déjà cité sur L'exclusion des Juifs des pays arabes, ajoutons sur ces questions le livre très accessible de Nathan Weinstock, "Histoire de chiens : la dhimmitude dans le conflit israélo-palestinien", chez Mille et Une nuits (2004).

2. Giladi (ou en tout cas celui qui se présente sous ce nom) nous invite pour lire son article à nous rendre sur un site internet qui s'avère être un site pro-iranien, soutenant Ahmadinejad. Ce site dispose de moyens considérables : de facture très professionnelle, il est proposé aux internautes en anglais, en russe, en chinois, et en français. Il contient des liens vers la chaîne du Hezbollah Al-Manar, il vante l'alliance d'Hugo Chavez et de l'Iran, etc... Ce site violemment anti-israélien contient aussi un lien vers le site du français Dieudonné.

Pour ceux que ça intéresse, il s'agit de http://alterinfo.net/ : nul doute que pour connaître le contenu des prochaines rumeurs anti-juives, la consultation de ce site aux allures "altermondialistes", financé par l'Iran, sera instructive.