mardi 4 décembre 2012

Que veut Israël ?




Depuis mon dernier post intitulé "Israël doit maintenant négocier avec les Palestiniens", j'ai lu avec une certaine déception le texte de Victor Perez appelant à un arrêt total des négociations, selon le titre de son texte. Plus précisément, il demande qu'il n'y ait aucune négociation tant que l'AP n'aura pas reconnu qu'Israël est l'Etat du peuple juif. A quoi bon prétendre depuis des années qu'Israël est favorable à des négociations sans conditions pour en poser à présent ? Qu'Israël se reconnaisse lui-même comme Etat du peuple juif, voilà l'essentiel, et non qu'il soit reconnu comme tel par d'autres. Une telle reconnaissance par lui-même suffit à interdire à Israël d'accueillir des "centaines de milliers de Palestiniens" sur son territoire, pour reprendre l'expression inquiétante de V. Perez : il n'est pas question de cela, et c'est justement l'objet de négociations que de préciser le nombre symbolique de Palestiniens qui pourraient retourner sur leur lieu de naissance après qu'ils l'ont fui, et parfois après qu'ils en ont été chassés (ben oui), lors de la guerre défensive et de survie qu'Israël a dû mener à sa naissance contre les pays Arabes.

Plus récemment, l'intervention de Luc Rosenzweig intitulée "Après le vote de l'ONU" m'a également un peu déçu : en quoi le fait que la riposte de Nétanyahou était prévisible la rendrait-elle juste ? Peut-être Rosenzweig a-t-il raison de dire que la zone qui relie Jérusalem et l'implantation de Maale Adoumim était naturellement destinée à être construite par les Israéliens, mais même dans ce cas cela aurait fort bien pu être décidé dans les négociations. 

On souligne avec raison le double discours des dirigeants palestiniens, les compromissions voire la promotion du terrorisme (voir l'hommage il y a deux ans d'Abbas, lui-même auteur d'une thèse de type négationniste faisant référence à Faurisson, au grand mufti allié d'Hitler), et MEMRI et Palwatch témoignent quotidiennement de cette réalité. On se scandalise au passage, et à juste titre, que nos compatriotes ignorent tout de cette réalité, les médias français la gardant consciencieusement dans l'obscurité la plus complète. Mais cela ne date pas d'hier, et cela n'a pas empêché ces dernières années Netanyahou d'affirmer vouloir négocier... Du reste, l'ambassadeur d'Israël en France, convoqué au quai d'Orsay après l'annonce du projet de constructions dans la zone E1, a réaffirmé hier 3 décembre 2012 que son pays était prêt à la négociation sans condition...

Dans ce contexte, j'attendais avec une certaine impatience l'article de la Metula News Agency sur le sujet. On connaît la grande pertinence de nombreux articles publiés par les journalistes de Metula, et l'expression régulière sur le site de la Mena de points de vue aussi opposés que ceux de Guy Millière et de Sami El Soudi pouvait laisser un doute sur ce qu'allait dire Juffa. Il lui aura fallu près de cinq jours pour publier l'article attendu. L'attente en valait la peine, et c'est une condamnation sans appel de la politique du premier ministre israélien que signe Juffa ce mardi 4 décembre 2012.  

samedi 1 décembre 2012

Israël doit maintenant négocier avec les Palestiniens.

Un tweet de Bernard Musicant résume bien le sentiment que les amis d'Israël peuvent éprouver au lendemain du vote de l'AG de l'ONU admettant "la Palestine" comme "Etat" observateur :


On se réveille avec la Palestine nouvel état sans frontières, ni foi, ni loi, ni président reconnu par tous, ni envie de Paix avec Israël ..

Un autre tweet du même auteur précise bien l'inquiétude que l'on peut ressentir devant l'événement :


Sur quelles bases la  ? Charte OLP ? Hamas ? Charia ? Elections libres et démocratiques? Droits de l'Homme ? Accords Oslo ? Etc


S'agissant des accords d'Olso, le gouvernement d'Israël, ses ambassadeurs, ses amis ont souligné que l'initiative unilatérale d'Abbas en constituait une violation, et que les garants de ces accords, dont l'Europe, donc la France, auraient dans ces conditions dû voter contre. L'argument n'est pas négligeable, mais je remarque d'une part que nombre de ceux qui le mettent en avant s'opposaient également aux accords d'Oslo, et d'autre part que le retrait de Gaza décidé par Sharon fût lui-même une initiative unilatérale israélienne.

D'autres rappellent avec raison ce qui est souvent occulté par nos médias, à savoir les appels à la haine anti-israélienne et anti-juives si fréquents dans les médias officiels de l'autorité palestinienne. Mais cette réalité n'a pas empêché hier les Israéliens d'appeler à des négociations directes en vue d'une solution au conflit passant par la création d'un Etat palestinien, on voit mal pourquoi elle constituerait un obstacle supplémentaire aujourd'hui (ce qui n'est pas une raison pour accepter que cette réalité continue d'être occultée). Dans le même ordre d'idées, s'il est normal que l'on mentionne davantage la thèse soutenue par Abbas à Moscou en 1982 dans laquelle, prenant appui sur Faurisson, le nombre de victimes de la Shoah est scandaleusement divisé par six et dans laquelle Abbas accuse les sionistes de complicité avec les nazis, cela ne peut constituer en soi un argument pour ne pas négocier (Abbas a pu changer, et de toute façon les Israéliens veulent négocier, non ?).

R. Prasquier souligne quant à lui que si demain le Hamas prend le contrôle de la Cisjordanie, on se retrouvera avec un groupe terroriste observateur à l'ONU. C'est vrai, mais c'est déjà le cas avec l'Iran et quelques autres.

D'une autre coté, je me souviens que le regretté Gérard Huber, qui nous a quitté il y a un an presque jour pour jour, avait dans l'un de ses derniers articles pris position pour la proposition soutenue à l'époque par Sarkozy d'un tel statut d'observateur à l'AG de l'ONU. Gérard Huber faisait valoir que la dissymétrie juridique entre Israël et l'Autorité Palestinienne pouvait constituer un obstacle en soi à l'obtention d'un accord négocié entre les parties.

De toute façon, et sans surprise, Abbas a maintenant obtenu le statut en question. On ne peut qu'en prendre acte, en souhaitant à partir de la nouvelle situation ainsi créée aller vers la paix. Quelles sont les intentions d'Abbas ? S'agit-il pour lui de poursuivre sur un plan juridique le combat palestinien contre Israël, ou bien, ce qui est une hypothèse parfaitement plausible, d'utiliser ce succès à l'ONU et la revalorisation de son image qui en découle auprès des Palestiniens aussi bien de la Cisjordanie que de Gaza pour conduire son jeune peuple vers une paix négociée avec Israël ?

Or, Abbas s'est dit prêt à négocier. Et même s'il n'est pas évident de comprendre s'il a mis ou non des conditions à ces négociations, tout le monde a entendu son appel. La réponse de Nétanyahou sous forme d'un nouveau projet de logements est totalement désastreuse, ne serait-ce qu'en termes d'image. Londres, qui n'a pas voté pour la motion d'Abbas, appelle aujourd'hui Jérusalem à renoncer à ces nouvelles constructions.

Nétanyahou doit maintenant répondre positivement à la demande de négociation des Palestiniens. Sans condition. S'il ne le faisait pas, il perdrait vraisemblablement une occasion historique de faire la paix.

Accessoirement, il perdrait le soutien de quelques amis sincères d'Israël...