jeudi 18 juillet 2013

[Jeu de Paume] Une rhétorique esthétisante au service du terrorisme le plus abject


"À suivre ces formes dynamiques, 
qui sont autant de courbes dessinant un retour possible..."
(Esmail Nashif, catalogue de l'exposition d'Ahlam Shibli)
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Dans le catalogue de son exposition coproduite par le Jeu de Paume et soutenu notamment par la philosophe Marie-José Mondzain [notre article du 23 juin dernier]  Ahlam Shibli a souhaité que figure un texte d'Esmail Nashif, anthropologue, sous la plume duquel on lit notamment ceci :

Dans le développement qui suit, nous examinerons trois formes distinctes de résistance, au travers desquelles l'individu palestinien déploie sa dimension collective: la mort en victime, le martyre, l'opération martyre. À suivre ces formes dynamiques, qui sont autant de courbes dessinant un retour possible, nous serons en mesure de donner une lecture interprétative et plus précise du retour palestinien, lecture qui nous permettra de dépasser la définition conventionnelle de la mort comme fin ultime, dans la logique de la mort comme forme de retour.


On ne peut qu'être stupéfait par l'adoption par cet auteur d'un style esthétisant, propre par sa forme à séduire les amateurs occidentaux de discours ampoulés, s'agissant ni plus ni moins que de tueries épouvantables. "Trois formes de résistance" (Résistance, un terme noble, ici dévoyé), "au travers desquelles l'individu palestinien déploie sa dimension collective"... puisque pour l'auteur, "déployer sa dimension collective" consiste notamment à pulvériser les bus empruntés par les Juifs... Puis, s'agissant toujours de ces actes horribles qui ont tué, blessé et traumatisé à vie des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants de tous âges, le style devient franchement lyrique : "À suivre ces formes dynamiques, qui sont autant de courbes dessinant un retour possible...". 

Comment un tel texte peut-il être publié par le Jeu de Paume, comment une femme qui se dit artiste peut-elle avoir choisi ce texte, comment les soutiens français à cette exposition peuvent-ils rester silencieux devant le scandale absolu que représente cette apologie exaltée du terrorisme le plus abject ?