mardi 19 juin 2007

Honte au journal "Le Monde"










Dominique Caroline Hass



Sur la page d'accueil de mon blog, http://vigilances.blogspot.com, les visiteurs sont majoritaires à dénoncer, à l'occasion d'un sondage consacré au journal Le Monde, le parti pris anti-israélien de ce journal.

Je me suis demandé un moment si je n'allais pas remplacer ce sondage par un autre où serait posée la question de savoir si les deux autres grands quotidiens nationaux, Le Figaro et Libération, ne partageaient pas le même parti pris, et assurément il y aurait matière. Pourtant, la lecture du journal du soir m'a convaincu de laisser ce sondage en une. L'exemple dont je veux vous parler aujourd'hui n'est malheureusement qu'un exemple, il n'en représente pas moins un scandale absolu, de ceux qui conduiront inéluctablement les futurs historiens qui étudieront les médias français de notre époque dans leurs positions vis-à-vis d'Israël à considérer le rôle extrêmement nocif que la propagande de ces médias aura joué.

Avant de dire précisément de quoi il retourne, je voudrais remarquer que l'ensemble de nos journalistes auront considéré que si un accord entre le Fatah et le Hamas (par exemple le 9 février 2007 dernier à La Mecque) était de nature à nous rendre plus sympathique ces deux organisations, la guerre entre ces organisation devait également nous rendre plus sympathique au moins la première d'entre elles. Curieusement, ces deux événements opposés seraient ainsi de nature à donner au Fatah une bonne image. Certes, il est évident que dans la guerre inter-palestinienne actuelle, il est souhaitable de soutenir le Fatah, nationaliste, contre le Hamas, islamiste. Mais je dis que c'est pousser le bouchon nettement trop loin, et que s'en est même une honte, que de lire sous la plume de Benjamin Barthe, envoyé spécial du Monde à Gaza, dans l'édition datée du 19 juin 2007, cette phrase :

Bien que membre des Brigades des martyrs Al-Aqsa, un groupe armé qualifié de « terroriste » par Israël, Tareq refuse de faire demi-tour.

Guillemets + italiques + l'expression "qualifié par Israël ": 3 procédés de mises à distance pour nous dire que les Brigades des martyrs Al-Aqsa ne sont pas réellement un groupe terroriste, qu'ils ne le sont qu'aux yeux des Israéliens mais que cette qualification n'a pas à être endossé par l'observateur objectif que veut être un correspondant du Monde.

Eh bien non, monsieur Barthe, désolé mais ce n'est pas Israël qui arbitrairement a décidé de qualifier ce groupe du Fatah, les Brigades des martyrs Al Aqsa, de groupe terroriste, c'est ce groupe lui-même qui a revendiqué l'explosion prématurée d'un homme-bombe le 8 février 2002, tuant le policier qui le controllait, c'est ce groupe, les Brigades des martyrs Al Aqsa, qui a revendiqué le 2 mars 2002 l'attentat suicide à la sortie d'une synagogue de Jerusalem ayant tué 10 personnes, dont 5 enfants et dont une famille entière (Shlomo Nehmad, sa femme Gafnit, leurs filles Shiraz et Liran, et Shaul Nehmad), et fait plus de 50 blessés, c'est ce groupe du Fatah, les Brigades des martyrs Al Aqsa, qui a revendiqué le 21 mars 2002 l'attentat au centre de Jerusalem ayant tué trois personnes (Gadi et Tzipi Shemesh, Yitzhak Cohen) et fait près de 90 blessés, c'est encore ce groupe du Fatah, controllé par Arafat, qui a revendiqué les attentats des 29 et 30 mars 2002 dans la capitale israélienne et à Tel Aviv (4 morts, près de 60 blessés), c'est encore ce groupe du Fatah, les Brigades des martyrs Al Aqsa, qui a revendiqué en avril 2002 l'explosion au marché Mahane Yehuda, dans la capitale israélienne encore, qui a fait 6 morts (Nissan Cohen, Rivka Fink, Suheila Hushi, Yelena Konrab, Ling Chang Mai, Chai Siang Yang) et plus de 100 blessés, ce sont encore ces brigades des martyrs d'Al-Aqsa que vous répugnez à qualifier de terroristes qui ont revendiqué le 27 mai 2002 l'assassinat d'une grand-mère, Ruth Peled (56 ans) et de sa petite-fille, Sinai Keinan (18 mois), et ce sont encore les brigades des martyrs d'Al-Aqsa qui ont revendiqué des attentats mortels de juin à novembre 2002, et que je sache, le 1er janvier 2003 c'est par des membres de ce même groupe du Fatah qu'un homme de 70 ans, Massoud Mahlouf Elon, qui distribuait des habits à des palestiniens, a été kidnappé avant qu'on ne le retrouve carbonisé dans sa voiture, et ce sont bel et bien les brigades des martyrs d'Al-Aqsa qui ont revendiqué le 5 janvier 2003 un double-attentat à la station centrale de Bus de Tel Aviv qui a causé la mort de 22 personnes, hommes ou femmes, agés de 20 à 74 ans, de sept nationalités différentes (Moshe Aharfi, Mordechai Evioni, Andrei Friedman, Meir Haim, Hannah Haimov, Avi Kotzer, Ramin Nisibov, Mazal Orkobi, Ilanit Peled, Viktor Shabayev, Boris Tepalshvili, Sapira Shoshana Yulzari-Yaffe, Lilya Zibstein, Amiram Zmora, Igor Zobokov, Krassimir Mitkov Angelov, Steven Arthur Cromwell, Ivan Gaptonial, Ion Nicolae, Guo Aiping, Li Peizhong, Mihai Sabau, Zhang Minmin), et en a blessé 120, et aussi l'attentat suicide du 24 avril 2003, et faut-il vous rappeler que l'attentat du 30 avril 2003 ayant tué 3 personnes dont une Française de 29 ans (Ran Baron, Yanai Weiss, Dominique Caroline Hass) et blessé 60 personnes a été conjointement revendiqué par le Hamas et le Fatah, et je vous rappelle que ce sont encore les brigades des martyrs d'Al-Aqsa, groupe du Fatah, que vous refusez de qualifier de terroristes qui ont revendiqué l'attentat dans le bus n°14 du 22 février 2004 ayant causé la mort de 8 personnes et blessé 60 dont de nombreux enfants, et il y a ceux que je n'ai pas cité mais qui eux aussi ont été revendiqué par ce groupe, et il y a ceux qui ont été causé par ce groupe mais non revendiqués, et je ne vous parle pas des innombrables attentats qui ont été prévus mais que les services israéliens ont réussi à déjouer.

Alors, M. Benjamin Barthe, lorsqu'avec cette petite phrase anodine

... les Brigades des martyrs Al-Aqsa, un groupe armé qualifié de « terroriste » par Israël...

vous prenez de la "distance", je vous laisse deviner de quoi j'ai envie de vous qualifier, vous et votre journal de « ... »

Anatole

jeudi 14 juin 2007

A qui la faute ? à Israël, bien sûr !

A propos du "coup de non-Etat" par les islamistes à Gaza.

Dans le Monde daté de demain (15 juin 2007), Pessin propose un dessin intitulé "Crimes de guerre" (en référence aux crimes de guerres commis par des palestiniens contre des palestiniens) : des militants pro-palestiniens proposent "une grande manif de solidarité avec le peuple palestinien", et l'un des personnages de demander : "contre qui ?".

Dessin très ironique, et pourtant... et pourtant le journal du soir donne sans hésiter sa réponse à la question du personnage de Pessin, dans l'éditorial imprimé à quelques centimètres à gauche du dit dessin, je cite la dernière phrase de l'édito en question : "Cinq ans après [un discours de Bush], presque jour pour jour, les Palestiniens paient au prix fort, à Gaza et dans les autres territoires d'une Palestine déchirée, la politique d'Israël, des Etats-Unis et de la diplomatie internationale".

Dans le même ordre d'idée, ce midi, dans le journal de 13h sur France-Inter, l'une des toutes premières questions du journaliste au spécialiste invité consiste à s'interroger sur la responsabilité d'Israël dans les événements actuels à Gaza. Le spécialiste en question pointera en particulier la mise en quarantaine d'Arafat à Ramallah, sans rappeler qu'Arafat aura été, jusqu'au bout, l'un des plus grands terroristes qui fût, commanditaire directe de nombre d'attentats contre les civils israéliens (Le dossier Arafat, Calvo & Calvo, Albin Michel, 2004).

Selon ces journalistes, ce qui se passe à Gaza aujourd'hui, ce "coup de non-Etat" si l'on peut dire, n'est en rien la conséquence de l'idéologie des "frères", à commencer par le "modéré" Haniyé, ce n'est pas non plus la conséquence de choix faits à Damas et à Téhéran (qui ne sont même pas cités dans l'article) non, la responsabilité première en revient à Israël. Puis aux Etats-Unis. Quant à la plutôt nébuleuse "diplomatie internationale", un peu tout le monde et donc un peu personne, elle fait référence au rapport de de Soto, envoyé spécial de l'ONU au Proche-Orient depuis deux ans, qui regrette que l'ONU ait fait preuve à l'égard d'Israël d'une "extrême considération, presque de la tendresse".

Ce que la communauté internationale donne à Israël depuis des années, c'est donc de la tendresse. Si c'est cela la tendresse, on a tout à redouter de ce que sera la rudesse ...

En attendant, grâce au Monde, on a déjà les mots d'ordre pour une grande manifestation laïque de soutien aux Palestiniens victimes de leurs islamistes : "à bas Israël, à bas les USA, à bas la tendresse !"

Anatole

lundi 11 juin 2007

A. Burg : de "La paix maintenant" à la haine de soi...

Israël entre peut-être dans l'une des périodes les plus pénibles de son histoire : à la désinformation permanente à son encontre, à la médiocrité de son élite universitaire "post-sioniste" et à la haine viscérale dont il est l'objet de la part de centaines de millions, voire de milliards de personnes, s'ajoutent les menaces précises et combinées sur plusieurs fronts, y compris celles de l'Iran et de son Hitler islamiste version XXIème siècle, le boycott des universitaires anglais, la nullité catastrophique du premier ministre Olmert et maintenant les coups de poignards dans le dos de la part de l'ancien leader de "La Paix maintenant", Avraham Burg qui face à la réalité des risques de "maintenant la guerre" choisit de cracher sur son pays, donnant à la haine anti-juive et anti-israélienne une formidable occasion de se déchaîner, bien meilleure occasion en vérité que celle fournie récemment par ces rabins anti-sionistes délirants qu'on a vu soutenir Arafat puis Ahmadinejad puisque cette fois c'est un monsieur bien comme il faut, ancien président de la Knesset, qui affirme, je cite Burg : "Avoir défini l'Etat d'Israël comme un Etat juif est la clef de sa perte", et que la loi qui permet à tout Juif de venir vivre en Israël est "le miroir de l'image d'Hitler".

Autrement dit, pour ce pacifiste sans complexe, le message à envoyer aux ennemis du peuple juif revient à ceci : "ne vous donnez pas la peine d'essayer de nous détruire, nous allons le faire nous-même".

Les anti-israéliens sont toujours prêts à dénoncer le soi-disant retournement par lequel les anciennes victimes seraient devenus les nouveaux bourreaux --- s'estimant au passage suprêmement intelligents d'avoir réussi à simplement concevoir l'idée même d'un tel retournement --- inutile de dire que Burg échappera à leurs critiques et sera au contraire glorifié pour son "courage" et sa "lucidité"...

Quel courage ? celui certes de se mettre à dos une partie du peuple qu'il méprise mais de devenir d'un autre coté la nouvelle star française de l'anti-israélisme que se disputeront nos médias ? Car je suis prêt à prendre les paris : d'ici quelques mois, Burg sera devenu l'incontournable "référence" française sur Israël...

Quelle lucidité ? En quoi venir alimenter le délire anti-israélien aurait-il le moindre rapport avec une critique lucide sur la politique menée par le pays qu'il trahit ? Nous avions déjà Edgar Morin, Théo Klein, Levy-Leblond, Esther Benbassa, Rony Brauman, Etienne Balibar ou Alain Badiou, nous n'avions encore rien vu : voici venir Avraham Burg.

Mais il se trouve que le peuple juif en a vu d'autres, et Burg qui prétend, en parlant des israéliens, "nous sommes déjà morts", ne fait en réalité, à 52 ans, que parler de sa propre vie intellectuelle. Nous avons quant à nous la chance de bénéficier des analyses de nombres de penseurs bien vivants : on peut suivre leurs conférences sur le site http://www.akadem.org, ou lire leurs livres (citons par exemple S. Trigano, G. Huber, R. Draï, D. Sibony, A. Yehoshua...) , ou les écouter à la radio. Ainsi, ce mois-ci (juin 2007), nous pouvons retrouver Alain Finkielkraut chaque dimanche à 13h30 sur RCJ (94.8 FM à paris, ou sur internet http://www.radiorcj.info/).

Face aux délires de Burg (qui comme presque tout délire contient aussi des petits morceaux de vérité), le premier mouvement des amis d'Israël sera peut-être de s'en tenir à la colère et au mépris. Je me demande s'il ne faudra pas aussi, dans une certaine mesure, tâcher de répondre calmement, de façon argumentée, à ces délires, comme s'ils s'agissaient-là de véritables arguments de la part de Burg, puisque c'est ainsi qu'ils seront reçus par une grande partie de l'opinion auprès de laquelle la propagande anti-israélienne a si bien été relayée. C'est assez dégoûtant, et c'est peut-être une perte de temps et d'énergie, mais d'un autre coté c'est peut-être aussi l'occasion de réflechir plus avant sur les questions essentielles concernant l'avenir du peuple juif.

Et je profite de l'occasion pour recommander à nouveau la lecture du "Controverse n°4" sur les "Alterjuifs" (éditions de l'Eclat); et aussi, d'Avraham B. Yehoshua, "Israël, un examen moral" (livre de Poche), même si nous ne sommes pas nécessairement d'accord avec toutes ses analyses.

Bon courage à tous

Anatole

Sur Burg, récapitulatif et références :

1. En août 2003, Burg publie un texte dans le Yediot Aharonot. Une traduction française en est proposée par G. Eizenberg (La Paix Maintenant) sous le titre "La société israélienne s’effondre et ses leaders gardent le silence", on peut la lire ici :

http://www.upjf.org/detail.do?noArticle=5807

2. Le même texte est publié par Le Monde, le 11 septembre 2003, avec une traduction de Lucien Lazare, sous le titre "La révolution sioniste est morte". On peut lire cette traduction ici :

http://web.radicalparty.org/pressreview/print_right.php?func=detail&par=6667

Ce texte est récemment (avril 2007) repris dans un recueil éponyme édité par Warchawsky.

http://www.france-palestine.org/article6092.html

3. Toujours en septembre 2003, Burg publie dans Al-Quds une "lettre à mes amis palestiniens", traduite en français par Albert Capino, qu'on peut lire ici :

http://www.upjf.org/detail.do?noArticle=5927

4. Le livre de Burg, Defeating Hitler, est à ma connaissance sorti uniquement en Israël, il y a quelques jours, début juin 2007.

2. A la suite de quoi Burg a fait l'objet de plusieurs pages dans Haaretz, le 9 juin 2007, et l'on peut lire son interview par Ari Shavit en anglais, sous le titre "Leaving the Zionist ghetto" sur

http://www.haaretz.com/hasen/spages/868385.html

3. Cette interview a été relayée, le 9 juin 2007, et partiellement traduite en français par Alain Gresh, à la fois pour le quotidien libanais L'orient, Le jour, pour le Monde Diplomatique et pour son propre blog :

http://blog.mondediplo.net/2007-06-09-Abandonner-le-ghetto-sioniste-un-livre-bombe-d

4. Toujours le 9 juin 2007, elle a également fait l'objet d'un compte-rendu dans Le Monde, par Bôle-Richard (sous le titre "Nous sommes déjà morts" : Avraham Burg attaque l'Etat juif, "ghetto sioniste")
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-921015,0.html