samedi 22 décembre 2007

"Sarkozy manque de lucidité"

A écouter, l'analyse comme si souvent percutante d'Alain Finkielkraut :

Finkielkraut 14 décembre 2007

Inutile de préciser que nous sommes bien d'accord sur le fait que c'est dans la perspective de Durban 2 qu'il faut interroger les confusions actuelles de Nicolas Sarkozy.

mardi 18 décembre 2007

Propagande sur France-Culture (suite)

A propos de la chronique d'Anthony Bellanger, présentée sur France Culture dimanche 2 décembre 2007, et dont vous pouvez lire la retranscription en cliquant ici, nous nous sommes posé la question : "information objective, ou propagande éhontée ?". Voici quelques commentaires qui indiquent pourquoi nous penchons clairement vers la seconde hypothèse.

1. Bellanger commence, c'est sa première phrase, par dire que son intervention sera surtout consacrée à la première intifada. En fait, environ un cinquième de son intervention est effectivement consacrée à cette première intifada. Cela donne d'emblée une idée de la rigueur avec laquelle Bellanger utilise les mots.

2. L'erreur indiquée ci-dessus peut sembler anodine, mais si l'on songe au fait que la plus grande partie de l'intervention de Bellanger n'a en réalité strictement rien à voir avec la première intifada, on est conduit à se demander si la référence à celle-ci ne serait pas un procédé rhétorique visant à imprimer, par dessus l'image des Qassam actuellement tirés sur la population israélienne par les terroristes surarmés qui contrôlent Gaza, celle d'enfants lançant des pierres contre les soldats d'une armée moderne.

3. L'interprétation précédente est d'ailleurs renforcée par le fait que Bellanger formule explicitement en terme d'images la nature de la première intifada : "cette première intifada ce sont surtout des images d'adolescents gazaouis ou de Cisjordanie qui se sont battus à coup de pierres contre Tsahal, des images qui ont fait le tour du monde, ternissant durablement l'aura de l'armée israélienne ou de l'Etat hébreux".

Sur ce constat, nous sommes bien d'accord avec Bellanger... sauf qu'au lieu de s'interroger sur la nature et sur la fabrication de ces images, se demandant par exemple où sont les "grands frères" lorsque les petits sont dans le cadre, Bellanger ne les évoque que pour les imprimer à nouveau dans l'esprit de l'auditeur, comme si en disant "ce sont des images" non seulement il n'en désamorçait pas le pouvoir en partie trompeur mais au contraire le réactivait !

Remarquons qu'un tel procédé rhétorique ne peut être que parfaitement prémédité et réfléchi. Il vise à "ternir l'aura de l'Etat hébreux" dans l'esprit de l'auditeur, avant d'aborder le sujet véritable de la chronique, qui concerne Gaza aujourd'hui.

4. On arrive donc à aujourd'hui : "aujourd'hui... on est loin de l'optimisme qui prévalait après la signature des accords d'Oslo ou même après ceux d'Annapolis". Ici, pour l'auditeur très attentif, la couture est un peu visible car on peut penser que cinq jours après le sommet d'Annapolis, nous sommes encore dans la période que l'on peut qualifier de "juste après ce sommet", or Bellanger parle curieusement de la disparition de "l'optimisme qui prévalait après le sommet d'Anapolis". Cela semble absurde et sans intérêt, mais l'on comprend qu'il s'agit juste de convaincre l'auditeur qu'il y a un lien "logique" (Oslo et Annapolis sont le même genre de choses...) entre ce dont il a parlé avant et ce dont il va parler après...

5. Quoi qu'il en soit, on se demande d'abord où Bellanger a vu un tel optimisme. En effet, s'agissant de Gaza auquel sa chronique est principalement consacré, et du Hamas qui le contrôle, rappelons qu'il est inscrit dans la charte de ce mouvement terroriste qu' "Il n'existe pas de solution à la question palestinienne, excepté le jihad. Les initiatives, les propositions et les conférences internationales sont une perte de temps et des tentatives vaines", indication qui ne va pas précisément dans le sens d'un optimisme délirant à propos d'Annapolis. On se demande aussi ce qui, selon Bellanger, aurait bien pu détruire aussi rapidement un tel optimisme. On ne va pas se le demander longtemps, ce journaliste va bien vite éclairer notre lanterne : ce qui aurait détruit ce soi-disant optimisme, ce n'est pas pour Bellanger le fait que, par exemple, la télévision palestinienne du Fatah ("modérée", donc) diffuse encore, quelques jours après le sommet, une carte de la région entièrement recouverte par le drapeau palestinien tandis qu'Israël en a été rayé : non, pour Bellanger, un seul fautif : Israël.

6. La faute est en fait plus ancienne qu'Annapolis, elles constitue un des leitmotiv de la propagande palestinienne : à Gaza, de nombreux malades meurent à causent d'Israël, car Israël interdirait aux malades de sortir de Gaza pour se faire soigner ailleurs. Pour appuyer sa démonstration, Bellanger s'appuie sur le mot "shahid", martyr, rassemblant sous ce terme tous ceux qui "meurent à cause de l'ocupation israélienne". Mais, à l'examen, aucun des trois exemples que donne Bellanger n'entre pourtant dans cette définition.

7. Premier exemple de Bellanger, ceux qui meurent "à cause des incursions israéliennes qui répliquent, vous savez, aux rafales de roquettes Qassam". Le ton sur lequel Bellanger lâche cela suggère que la mention des Qassam lui est un peu pénible, comme s'il ne s'agissait en fait que d'un prétexte israélien, et on comprend que des Qassam il n'en sera plus question dans cette chronique. Quoi qu'il en soit, les combattants palestiniens qui effectuent des tirs de mortier sur les villes israéliennes ne sont pas de simples "activistes", encore moins des "militants", comme les désignent couramment nos medias, mais bel et bien des terroristes : lorsque ces terroristes meurent dans des combats avec l'armée israélienne, ils ne meurent pas "à cause de l'occupation israélienne" mais à cause de leurs actions terroristes visant les populations israéliennes et que rien ne justifie (à moins que Bellanger leur trouve une justification, et dans ce cas on aimerait savoir laquelle ?). En fait, Bellanger parle comme si Israël n'avait pas évacué Gaza, à moins qu'il considère que les Israéliens "occupent Sdérot" et que plus généralement, comme le suggère la carte du Fatah d'où Israël a disparu, les Israéliens "occupent"... Israël ?

8. Deuxième exemple de ceux qui meurent "à cause de l'occupation israélienne" : la "sorte de guerre civile larvée qui oppose les partisans du Hamas à ceux du Fatah". Comment avions-nous pu ne pas y penser ? Nous consultons pourtant régulièrement les dépêches de l'AFP, cela aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. Inutile de commenter davantage, il me semble, non ?

9. Troisième exemple de ceux qui meurent "à cause de l'occupation israélienne" : les malades qui meurent sans avoir pu franchir la frontière entre Gaza et Israël. Loin de nous l'idée de prétendre que cela ne s'est pas produit, mais le fait est que, dans une situation aussi difficile pour Israël, à savoir l'existence d'un "califat" islamiste, terroriste, rongé par une seule obsession : la destruction d'Israël et des Juifs, Israël n'a pas renoncé aux mesures humanitaires concernant les soins des malades de Gaza, puisque comme le rappelle Bellanger, la cour suprême israélienne a pu être saisie par certains de ces malades à qui elle a donné raison. Bellanger ne rappelle pas combien les hôpitaux israéliens ont soigné par le passé de gazaouis (y compris un certain Jamal Al Durah, le père du petit Mohammed, soigné en mars 1994, à l’hôpital Tel Hashomer de Tel-Aviv pour les conséquences de blessures présentées depuis par France 2 comme datant de septembre 2000). Bellanger ne rappelle pas non plus comment les terroristes palestiniens avaient pris l'habitude, durant la seconde intifada, de circuler comme faux malades à bord des ambulances. Alors c'est vrai, la décision de la cour suprême israélienne est arrivée trop tard pour que certains de ces malades puissent passer par Israël : qu'une situation de guerre conduise à des drames, ce n'est pas une découverte. Mais quel pays, confronté au fanatisme d'un califat terroriste, permet aux habitants de saisir sa justice pour finalement leur donner raison ?

10. Mais il y a un autre aspect, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il n'est pas clair. Bellanger, sans le dire formellement, suggère en effet fortement qu'Israël contrôlerait non seulement sa frontière avec Gaza, mais aussi la frontière de Gaza avec l'Egypte. Voilà qui mériterait une véritable enquête journalistique.

Nous avons essayé de trouver des éléments à ce sujet, et la situation semble plutôt être celle-ci : toutes les forces en présence, Israël donc, mais aussi le Hamas, l'Union européenne (qui est partie prenante) et surtout l'Egypte, souhaitent limiter au maximum les passages à la frontière entre Gaza et l'Egypte. Ainsi, selon le journaliste Ilan Tsadik, dans un article publié le 28 octobre 2007, "aucun soldat de Tsahal ne fait écran entre Gaza et le pays du Nil, et [...] si l’Egypte - Etat arabe frère - n’avait pas fermé sa frontière au Califat de Gaza et à ses ressortissants, Bôle, ni personne d’autre, ne pourrait parler de "cadenassage"". Et,toujours selon Tsadik, "rien n’empêche Moubarak de vendre aux Gazatis tous les produits égyptiens dont ils ont besoin, de les fournir en carburant, en eau et en électricité. Sauf, peut-être, que le raïs en avait assez de voir ses stations touristiques du Sinaï être prises pour cibles par des terroristes soutenus par les islamistes de Gaza".

Dans un article du 20 novembre 2007, le journaliste palestinien Sami El Soudi écrit : "Un responsable du Hamas figurant parmi mes connaissances m’a assuré que si la frontière égyptienne ouvrait, on assisterait à un exode en masse en direction du Sinaï égyptien. Selon cet interlocuteur, plus de la moitié des Gazatis (environ 700 000 individus) ne songe qu’à partir, et, toujours de la même source, il faudrait voir dans ce danger la raison pour laquelle Moubarak empêche le passage des personnes à Rafah".

11. Alors on me dira : les citations précédentes sont extraites d'articles de la Mena, ce n'est peut-être pas objectif, et en plus, par les temps qui courent, cela peut devenir dangereux de citer la Mena (je fais ici référence aux poursuites judiciaires engagées par Enderlin contre le webmaster du site chrétien www.bethel-fr.com). Mais que dire alors de cet extrait d'une dépêche Reuters datant du 29 novembre 2007 : " les candidats au "hadj" se sont inscrits tant auprès du Hamas que du Fatah rival du président Mahmoud Abbas, et l'on ignore à ce stade si les autorités égyptiennes ou israéliennes ouvriront les grilles de Rafah pour permettre le passage des pèlerins gazaouites". Le moins que l'on puisse dire, c'est que Reuters est flou sur la question de savoir qui contrôle cette frontière; par contraste, Bellanger, lui, ne se pose pas de questions.

12. Mais si la fermeture de la frontière à Rafah était au moins autant le fait de l'Eypte que des autres acteurs, c'est tout le raisonnement de Bellanger qui s'écroule, car pourquoi fustiger Israël et non l'Egypte ? Sans parler du Hamas, dont on sait comment il a pu prendre prétexte des diminutions de fourniture en carburant de la part d'Israël pour fermer des installations qu'il aurait pu continuer à faire fonctionner.

13. Bellanger poursuit sur la densité de la population à Gaza : "cette bande de terre qui abrite 1,5 millions de personnes, vous savez Vincent c'est l'un des territoires les plus concentrés (*)... heu, les plus denses du monde..."

Etant donné les sous-entendus de Bellanger tout au long de sa chronique, il ne nous semble pas déplacé de s'interroger sur le surgissement du mot"concentré" : chercherait-on à suggérer que Gaza est non seulement "une prison à ciel ouvert", pour reprendre l'expression employée par la propagande palestinienne, en particulier depuis l'évacuation de Gaza, mais qu'il s'agirait en quelque sorte d'un camp de concentration, qu'on ne s'y prendrait pas autrement.

Quoi qu'il en soit, s'agissant de la densité de la population de la bande de Gaza, il est vrai que, si l'on regarde les pays du monde, il s'agit de l'une des plus importantes au monde.

Cela, et Bellanger ne le dit pas, résulte d'une politique nataliste très fortement encouragée par les aides internationales qui accompagnent, pour le logement, la santé, l'éducation et l'alimentation, chaque nouveau-né palestinien et qui poussent les familles à faire sans cesse davantage d'enfants pour bénéficier de ces aides. Les familles ayant quinze enfants ne sont pas rares, et l'indice synthétique de fécondité est de 6,29 enfants/femme.

Ceci étant, la densité de population à Gaza est d'environ 3 800 hab/km, soit moins de la moitié de ce qu'elle est dans le département des Hauts-de-Seine (8350 habitants au km2). Et la densité de population à Gaza reste inférieure à celle de Gibraltar ou de Singapour.

14. Nous en resterons là pour aujourd'hui, laissant à chacun le soin d'analyser de même ce qui reste de la chronique de M. Bellanger, et de répondre pour lui-même à la question : information objective, ou propagande ?

vendredi 14 décembre 2007

Aspects positifs de la visite de Kadhafi

Outre les contrats commerciaux (dont on peut toutefois discuter le volet militaire quand on sait que la Libye ne reconnaît pas Israël et se considère toujours en guerre contre ce pays ami) il y a quelques aspects positifs à la visite de Kadhafi, que nous voulons souligner.

Le point le plus positif est, selon nous, la "naissance" de Rama Yade comme personnage politique incontournable de notre pays. Nous nous réjouissons que plus de 80% de nos concitoyens approuvent les déclarations de Mme Yade sur Kadhafi. Quand on sait que Rama Yade est l'une des rares personnes en France a être consciente de ce qui se trame au Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU et des conditions dans lesquelles se prépare Durban 2, cette popularité devrait représenter un atout précieux lorsqu'il s'agira d'alerter l'opinion à ce sujet.

Autre point positif, cette visite nous aura permis d'entendre Alain Finkielkraut, dont on n'avait plus entendu d'analyses politiques depuis plusieurs mois; c'était ce midi, sur RCJ, et cela peut se réécouter ici :
http://www.radiorcj.info/mp3Player/?audio=finkielkraut14dec

Lui aussi a parlé de Durban 2 dans cette intervention. Et lui aussi, comme l'UPJF, comme la LICRA, a condamné l'usage par M. Sarkozy du terme "islamophobie" mis en parallèle à l'antisémitisme, dans une explication particulièrement claire, comme d'habitude, que j'invite chacun a écouter par lui-même sur le lien indiqué ci-dessus...

jeudi 13 décembre 2007

Roland Dumas et la racaille

Ce matin, sur RCJ, Jacques Tarnero attire notre attention sur le témoignage de Mémona Hintermann, journaliste sur France 3, qui nous avait échappé : sur Canal +, mardi dernier, elle fait le récit très précis d'une tentative de viol par Kadhafi dont elle a été victime en 1984. Il faut écouter le témoignage de cette femme, jusqu'à la description d'une grande cicatrice sur le corps de Kadhafi, du coté droit, description qui constitue un élément matériel à l'appui de ce témoignage dont la sincérité est évidente.

Dans un cri du coeur, Mme Hintermann qualifie dans son témoignage Kadhafi de "racaille".

Merci au lecteur d'Anatole qui a laissé hier un commentaire évoquant l'émission "Ce soir ou jamais" (encore elle !) du mercredi 12 décembre 2007 avec pour invité Roland Dumas et Marc Edouard Nabe, et, pour relever le niveau, Bruno Tertrais, non cité par Frédéric Taddeï dans le préambule, avant le Soir 3, de l'émission. Dans ce préambule, on peut voir et entendre Roland Dumas se vanter d'avoir reçu son ami Kadhafi à l'hotel Ritz, mardi. Dire que cette expression d'amitié nous étonne serait très exagéré. C'est que, si au début de l'émission proprement dite, qui peut être revue sur :

http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr

Frédéric Taddeï (l'animateur de l'émission) précise qu'il n'est pas utile de présenter Roland Dumas, il ne nous semble pas, à nous, inutile de rappeler quelques aspects du personnage. Comme Alain Soral, dont Taddeï n'avait pas non plus éprouvé le besoin de rappeler qu'il était le mentor idéologique de l'activiste Dieudonné, Roland Dumas est lui aussi un admirateur des spectacles de Dieudonné. Roland Dumas est également l'un de ceux qui aiment à fustiger "le lobby juif" en France, comme nous l'avons entendu faire lors de l'émission "la bande à Bono" sur France Inter, il y a moins d'un an, sans soulever la moindre indignation ni des journalistes ni de personne. Bien entendu, au cours de l'émission "Ce soir ou jamais", Roland Dumas présente l'Iran actuel, sujet de l'émission, comme un pays inoffensif face auquel le danger réel serait Israël.

Sur ce sujet, la voix de Bruno Tertrais s'avère essentielle. Son article intitulé "Iran : inquiétant rapport" paru dans Le Monde le 7 décembre dernier doit nous alerter. En effet, Bruno Tertrais souligne un certain nombre de points qui montrent que le "désamorçage" apparent de la situation que représenterait ce rapport n'est effectivement qu'une apparence, puisque contrairement à la présentation qu'on en nous fait, et contrairement à la présentation qu'en ont fait les services américains eux-mêmes (pour des raisons évidemment politiques), ce rapport dit, je cite Tertrais :


"... beaucoup de choses inquiétantes. Plusieurs points méritent d'être soulignés. Premièrement, l'existence d'un programme parallèle, à vocation strictement militaire, depuis le milieu des années 1980, est confirmée pour la première fois. Deuxièmement, personne ne sait si ce programme demeure suspendu ou s'il a repris : en effet, le rapport ne s'engage pas sur ce qu'il en est advenu après juin 2007, et dit par ailleurs que deux agences de renseignement ont des doutes sur l'arrêt complet de toute activité à visée militaire.Troisièmement, l'on apprend, et c'est une vraie surprise pour tous les experts du dossier, que Téhéran aurait importé de l'étranger de la matière fissile de qualité militaire, sans que l'on sache ce que l'Iran a pu faire de cette matière fissile... Quatrièmement, les spécialistes américains nous disent clairement qu'au minimum Téhéran veut maintenir une "option nucléaire", c'est-à-dire se garder la possibilité à tout moment de faire une bombe atomique. Cinquièmement enfin, la communauté américaine du renseignement est devenue un peu plus pessimiste sur le temps qu'il faudrait à l'Iran pour produire dans ses propres installations suffisamment d'uranium hautement enrichi pour fabriquer la bombe : alors qu'elle évoquait traditionnellement la période 2010-2015, elle n'exclut pas désormais que cela puisse arriver dès 2009".

Ces remarques ne sont pas le point de vue de Tertrais, elles concernent le contenu même du rapport. On comprend dans ces conditions que Tertrais trouve la situation après ce rapport non pas moins, mais plus inquiétante qu'avant, par la démobilisation que ce rapport entraîne (il est d'ailleurs curieux de constater combien d'anti-américains font soudain davantage confiance à la présentation des services américains plutôt qu'à celles des iraniens eux-mêmes, Ahmadinejad ayant été parfaitement clair sur la volonté d'obtenir l'arme atomique au plus tôt).

Alors, pour la première fois, Israël a peut-être du soucis à se faire en ce qui concerne le soutien sinon de Bush, du moins des Etats-Unis. Petite consolation : la France, continue, elle, de réchauffer ses relations avec Israël, d'une façon il est vrai un peu curieuse : en votant à l'ONU la plupart des résolutions anti-israéliennes.

On le sait, avant Durban 2 en 2009, l'année 2008 sera l'année du concept attrape-opinion d'Alliance des civilisations, avec comme co-chef d'orchestre pour l'Europe le clone, "jeune" et sans paillettes, de Roland Dumas : Hubert Védrine. Je me demande si, d'une certaine façon, le lancement de cette campagne, n'était pas cette semaine, avec Kadhafi à Paris.

A cette occasion, Roland Dumas, recevant au Ritz la "racaille" Kadhafi, lui aura peut-être suggéré d'attribuer la prochaine édition de son "Prix Kadhafi des Droits de l'Homme" à Ahmadinejad ? Lorsque ce dernier viendra chercher son prix à Paris (rien ne s'opposera bientôt plus à une telle visite, puisque le rapport américain "prouve" la bonne volonté du président iranien), il pourra toujours faire un tour par le studio de "Ce soir ou jamais", et Taddeï pourra alors dire : "inutile de présenter le président Ahmadinejad"...

mardi 11 décembre 2007

La honte, suite

J'écrivais hier qu'avec la présence de Kadhafi à Paris, une semaine de honte commençait pour notre pays, et je précisais ce qu'étaient à mon sens les contours de cette honte (puisqu'en effet, il ne s'agit pas, pour ce qui me concerne, d'une opposition totale à toute réception du dictateur libyen, mais des conditions de cette réception).

Nous l'avons dit, la question des droits de l'homme est centrale dans cette affaire, non seulement à cause de la création d'un "prix des droits de l'homme" par ce leader mondial de leur viol systématique qu'est notre invité actuel, mais surtout parce que cette mascarade en annonce une autre, à une tout autre échelle, qu'illustre quotidiennement l'activité du "Conseil des droits de l'homme" à l'ONU (où la Libye est bien active), la préparation de "Durban 2" et le concept d'Alliance des Civilisations que nous vendra bientôt le toujours si tranquille M. Vedrine, toutes choses dont nos concitoyens (jusqu'au ministre des affaires étrangères, semble-t-il) sont totalement ignorants, les médias faisant bien leur travail.

Mais voici qu'à la déclaration de M. Sarkozy selon laquelle les droits de l'homme en Libye ont été évoqués dans la conversation du président avec le dictateur, fait confirmé par le secrétaire général de l'Elysée, M. Guéant, témoin de la discussion, vient s'opposer une déclaration du dictateur encore sur notre sol pour quatre jours : "nous n'avons pas parlé de ça", a-t-il déclaré sur France 2. On mesure par cet incident l'impact qu'auront les encouragements de M. Sarkozy à M. Kadhafi de poursuivre "sur le bon chemin" : absolument nul... La honte, vous dis-je...

vendredi 7 décembre 2007

Kadhafi au pays des droits de l'homme

Manifestations interdites contre Kadhafi



Jusqu'à vendredi 7 décembre 2007,"on" a fait courir le bruit que la visite de Kadhafi était reportée à janvier 2008 (voir l'article de la Tribune du 20 novembre dernier, reproduit ci-après); soudain, vendredi en fin de journée, juste avant le week-end, l'annonce est faite que Kadhafi arrive lundi 10 décembre. Dans le même temps, apprend-on lundi 10 décembre dans la soirée par une dépêche de l'AFP, le préfet de police avait pris cinq arrêtés d'interdiction visant "les manifestations de soutien ou d'opposition" à la visite du colonel Kadhafi à Paris "car elles étaient susceptibles de troubler l'ordre public et la visite officielle".


Le 10 décembre 1948, les 58 Etats Membres qui constituaient alors l'Assemblée générale ont adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme, à Paris.

Le 10 décembre 2007, jour anniversaire de cette déclaration, Paris reçoit en grandes pompes pour une semaine entière le créateur d'un "prix des droits de l'homme" : le dictateur libyen Kadhafi et la police interdit toute manifestation anti-Kadhafi.

Quelques mots sur le prix Kadhafi des droits de l'homme : ce soit-disant prix des droits de l'homme a notamment été décerné au révisioniste Roger Garaudy (2002), à l'islamiste Farrakhan (1996), au dictateur Fidel Castro (1998), celui-là même dont le discours en 2001 à Durban fût acclamé aux cris de "morts aux Juifs", à son disciple Hugo Chavez (2004), l'ami d'Ahmadinejad, à l'antisémite Mahathir bin Mohamad (2005) dont le discours sur le thème " les Juifs dominent le monde" avaient fait grand bruit en octobre 2003, ainsi qu'à Jean Ziegler, cofondateur de ce prix, qui l'a modestement refusé, et qui était il y a encore quelques jours interviewé sur France 2 pour ses "lumières" sur le racisme...

Ainsi, notre pays s'apprête à célébrer le soixantième anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme en dressant une tente à l'hôtel Marigny à l'un des leaders de l'usurpation mondiale des droits de l'homme, un dictateur qui vient de déclarer à Lisbonne : "il est normal que les faibles aient recours au terrorisme», et en arrêtant ceux, au demeurant une poignée, qui souhaitaient manifester pacifiquement contre le dictateur libyen.

Alors que l'UMP demande le "respect" (!) pour Kadhafi, que François Fillon conseille aux mécontents de tourner sept fois leur langue dans la bouche avant de dénoncer Kadhafi et que, plus scandaleux encore, ce conseil de Fillon est suivi par la LDH qui passe totalement sous silence la mascarade du "prix des droits de l'homme" de Kadhafi et l'activisme antisémite sous couvert d'attaques permanentes contre Israël, jusqu'à, par la force des choses, se fendre lundi 10 décembre dans la journée de deux communiqués, l'un pour dénoncer la présence à Paris d'un chef militaire israélien, un autre dénonçant de façon générale la politique de Sarkozy et dans lequel la réception de Kadhafi est comme noyée dans le flot, alors que quelques leaders de l'opposition se scandalisent d'une réception dont rien ne dit qu'au pouvoir ils n'en n'aurait pas fait autant (et, après tout, l'argument économique des contrats signés ne peut pas non plus être écarté si facilement : qu'en serait-il alors de nos relations avec la Chine ?), alors que la police interdit à Paris toute manifestation contre Kadhafi, deux voix s'élèvent, assez claires, pour dire l'enjeu symbolique de la présence à Paris de Kadhafi en cette journée des droits de l'homme :

- la voix, courageuse, de l'admirable Rama Yade, que la police n'a pas réussi à faire taire au nom de l'ordre public,

- un communiqué très clair du CRIF :


Kadhafi à Paris : ce qu’il ne faut pas oublier
10 décembre 2007 - Communique de presse du CRIF
Au moment où le colonel Kadhafi entame sa visite officielle en France, ce lundi 10 décembre, journée mondiale des Droits de l’Homme, le CRIF n’oublie pas que la Libye :



- a organisé et encouragé de nombreux attentats meurtriers,
- a déclaré, par la voix du Colonel Kadhafi, le 7 décembre 2007 à Lisbonne qu’il était « normal que les faibles aient recours au terrorisme »,
- a régulièrement utilisé la torture, y compris sur le personnel soignant bulgare, totalement innocent, qui a été incarcéré dans des conditions terrifiantes, pendant plusieurs années avant d’être libéré cet été, notamment grâce à l’action de la France.
Il serait scandaleux que la Libye, étant donné son « palmarès » en la matière, soit chargée de préparer la conférence dite de Durban 2, dont le CRIF espère qu’elle ne sera pas une répétition de Durban 1 en 2001, qui s’est transformé en meeting antisémite. Le CRIF demande au Président de la République et au gouvernement de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter qu’une telle situation ne puisse se reproduire.
- n’accepte pas de façon permanente l’existence de l’Etat d’Israël, une ligne de conduite encore confirmée par le propre fils du Colonel Kadhafi qui refuse l’entrée d’Israël dans l’Union méditerranéenne, ce projet de paix initié par la France.
***
Et, en effet, l'enjeu symbolique de la présence du dictateur libyen en France aujourd'hui est bien là, dans la mise sur orbite, aux dépends de la France, de l'idéologie des "droits de l'homme" version Kadhafi ou version LDH, des "droits de l'homme" fondamentalement anti-israéliens, de "l'alliance des civilisations" version "interdiction du blasphème", de l'antiracisme version antisémitisme à Durban...

Certes, notre pays a connu pire honte : Vichy et la collaboration au génocide des Juifs par la police française, le massacre des Arabes à Paris en octobre 1961, le rôle de notre pays dans le génocide du Rwanda, sans compter quelques autres que je connais et quelques autres que j'ignore...

La honte, en outre, n'est pas nécessairement dans le fait du faire du commerce avec Kadhafi. Mais elle est certainement dans le fait de lui dérouler un tapis rouge, dans le fait d'interdire les manifestations anti-Kadhafi (c'est vrai, il n'a pas l'habitude, Kadhafi, des manifestations, cela pourrait heurter sa sensibilité, s'il voyait cela à la télé...), la honte c'est aussi de prétendre qu'il serait sur le bon chemin, alors que les tortures n'ont pas cessé et que la propagande pour la légitimation du terrorisme et pour la promotion de l'antisémitisme le plus nazifiant se portent mieux que jamais.

Une semaine de honte commence, donc.

Formons au moins le voeux qu'elle soit pour nos concitoyens l'occasion d'entendre parler de Jean Ziegler, co-fondateur avec Kadhafi de son prix des droits de l'homme, du laboratoire de haine qu'est le Conseil des Droits de l'Homme (ONU), de Durban 1 et 2, de la tromperie sur la marchandise qu'est le concept d'origine iranienne d'"Alliance des civilisations" que l'on se prépare à nous vendre en 2008...


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PS : Le bruit a couru que la visite de Kadhafi était reportée à Janvier 2008, comme en témoigne l'article de La Tribune parue le 20 novembre dernier, dont le début est reproduit ci-après. Puis, soudainement, le vendredi 7 décembre en fin de journée, l'annonce est faite de la visite à Paris de Kadhafi à partir du lundi suivant, juste après le week-end, du 10 au 15 décembre 2007. On peut se demander si une telle manoeuvre, assez grossière, ne visait pas à désamorcer toute manifestation contre Kadhafi.

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La Tribune.fr - 20/11/07 à 19:20

Diplomatie

La venue du colonel Kadhafi à Paris reportée à janvier

Prévue initialement à la mi-décembre, la visite officielle du guide de Tripoli a été reportée en janvier. L'agenda de Nicolas Sarkozy en cette fin d'année est trop chargé.

Selon nos informations, la visite à Paris du colonel Kadhafi prévue mi-décembre a été reportée à janvier, selon des sources concordantes. Officiellement pour des raisons d'agenda trop rempli de Nicolas Sarkozy, explique-t-on à la Tribune.


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mercredi 5 décembre 2007

"lobby juif " et antisionisme à "Ce soir ou jamais"

Lors de l'émission "Ce soir ou jamais" de Frédéric Taddeï du mardi 4 décembre 2007, sur France 3, il y avait parmi les invités, Alain Soral (le mentor idéologique de Dieudonné), Houria Bouteldja (les Indigènes de la République), Dominique Jamet (journaliste à Marianne), l'écrivain Régis Jauffret, Jacques Chancel et Alain Touraine (un de ceux qui avaient signé le soutien à Edgar Morin affirmant que son texte était juste et équilibré, mais enfin, ce soir, face à Houria Bouteldja, il ne sera pas si mal...).

On peut revoir l'émission en suivant ce lien.


A la cinquième minute de l'émission, Dominique Jamet trouve malin de dire, à propos des déclarations antisémites du ministre algérien : "d'une certaine façon, il n'a pas tort : il y a en France un lobby juif", avant de préciser qu'il y a aussi un lobby auvergnat, et que Sarkozy n'a pas été élu par le "lobby juif" mais par une majorité de Français.

Puis, à la neuvième minute Houria Bouteldja déclare :
Je trouve extrêmement fâcheux que M. Jamet parle de "lobby juif"; il me semble plus juste de dire qu'il y a en France effectivement un lobby, mais sioniste, qui est bien plus important qu'un vulgaire lobby juif. Il faut choisir ses mots et bien dire qu'il y a un lobby sioniste en France, comme il y a un lobby sioniste aux Etats-Unis.

Jamet se défend :
Mais le ministre avait dit "lobby juif"..

Houria Bouteldja poursuit :
... et moi je corrige et je dis qu'il y a un lobby sioniste...

Jamet :
et moi je faisais référence aux propos du ministre...

Houria Bouteldja :
Non, vous avez dit qu'il y avait un lobby juif...

Jamet :
Parce que je faisais référence aux propos du ministre qui avait parlé de "lobby juif"...

Frédéric Taddeï, toujours souriant, à Houria Bouteldja :
Quelle nuance faites-vous ? comme ça on comprendra mieux...

Houria Bouteldja :
"juif" est une appartenance éthnique, religieuse ou culturelle, alors que le sionisme est une appartenance à une idéologie politique, qui est à l'origine du plus grand hold-up du siècle dernier, qui est le hold-up de la Palestine.

Alain Soral :
Il y a des Juifs qui ne sont pas sionistes, il y a des sionistes qui ne sont pas juifs, donc c'est plus compliqué

Houria Bouteldja :
absolument, ce sont des choses complétement différentes, il y a des non-juifs qui sont sionistes, comme il y a des sionistes qui ne sont pas juifs...

Frédéric Taddeï, passionné par le débat :
et il y a des Juifs qui ne sont pas sionistes

Alain Soral :
Excusez-moi, il y a aussi un problème avec le mot "lobby"

(...)

A la onzième minute, Soral repart sur le "lobby" :

pour aller au bout du lobby... Le problème du lobby il est simple : aux Etats-Unis ça n'aurait pas posé de problème, parce que les lobbys sont autorisés, alors qu'en France la constitution ne reconnait que l'intérêt général et des individus. Donc il y a des groupes de pression, des minorités agissantes mais c'est contraire à la loi, il y a une tartufferie énorme, parce qu'on ne peut pas dire qu'il y a des lobbys alors qu'il y en a, donc il vaudrait mieux changer la loi... on pourrait ouvertement parler de lobby auvergnat, pro-sioniste...

Jacques Chancel, après quelques remarques bien senties sur Chavez et Poutine, revient sur la déclaration antisémite du ministre algérien et fait justement remarquer qu'il s'agit d'une nouvelle forme de racisme.

On passe ensuite un extrait de l'interview de Sarkozy par Patrick Poivre d'Arvor. Sarkozy fait cette déclaration curieuse :
Je combattrai de toute mes forces l'antisémitisme, l'islamophobie et toute forme de racisme.

Pour souligner, à raison, qu'il y a parmi les Juifs et en Israël une grande diversité d'opinions, l'écrivain Régis Jauffret trouve judicieux de déclarer "Israël est une caricature de démocratie", avant de préciser : "c'est la démocratie poussée à sa quintescence, c'est une démocratie... "

Houria
Bouteldja l'interrompt
Pas pour les arabes...

Régis Jauffret :
Non mais d'accord, mais les gens votent (...) donc il faudrait qu'on m'explique, les intérêts communs des Juifs en France... Alors vous me direz : le sionisme; mais ils ne sont pas tous sionistes.

Houria Bouteldja
Oui, mais les Juifs sionistes ont effectivement le même intérêt.


Alain Tourraine
Je voudrais rappeler que, traditionnellement, les Juifs français votaient à gauche. Et puis après la période Likoud, une grande partie se sont déplacés vers la droite, ce qui prouve bien qu'il n'y a pas un lobby juif, mais qu'il y a une opinion des Juifs, qui change selon les circonstances, et évidemment le mot lobby est absolument inadmissible dans cette situation.

Quant à dire "Juif, sioniste, etc...", c'est très embarassant, parce que d'abord nous savons très bien que les gens qui se disent antisionistes sont souvent, aussi, antisémites...

Houria Bouteldja
Moi je suis antisioniste

Alain Touraine
C'est parfaitement votre droit...

Houria Bouteldja
Mais d'où vous tenez qu'il y a un lien ?

Alain Touraine
Ce que je veux dire, quand on parle de sionisme, c'est-à-dire d'Israël, on peut dire que la très grande majorité de la population française qui n'a pas oublié ce qu'a été la seconde guerre mondiale, et grâce au ciel aujourd'hui on parle beaucoup de ce qu'a été la Shoah...

Alain Soral
D'où la culture de la repentance, peut-être... la culture de la repentance que les Algériens nous demandent maintenant

Alain Touraine
Peut-être... on est dans un pays qui considère que ce que les Juifs ont subi rend, d'une certaine manière, l'Etat qu'ils ont créé je dirais non pas "sacrée" mais il
faut faire extrêmement attention, quand on est "anti-israël", ce qui est le droit de tout un chacun... Il faut d'abord respecter Israël, vous pouvez ensuite critiquer


Houria Bouteldja se lance alors dans un long discours, parfaitement construit :
Merci pour votre leçon d'humanisme, mais je m'inscris en faux... Il est nécessaire et impératif de critiquer Israël. Sarkozy dit "je veux lutter contre l'islamophobie et l'antisémitisme" (...) mais il a fait sa campagne sur les terres du Front National... il a soutenu Charlie-Hebdo dans sa campagne soit disant pour la liberté d'expression, qui soutenait une caricature raciste et islamophobe... comment prendre au sérieux sa volonté de combattre l'islamophobie...

Concernant l'antisémitisme : je crois que la meilleure manière de lutter contre l'antisémitisme, c'est de lutter contre le sionisme. C'est le sionisme et l'annexion des Juifs à l'idéologie
sioniste qui fait augmenter l'antisémitisme dans le monde. C'est l'annexion des Juifs à l'Etat d'Israël, un Etat qui pratique le terrorisme d'Etat, qui est par ailleurs à l'origine de l'expulsion d'un peuple de sa terre, qui fait des Juifs les complices, lorsqu'ils sont sionistes, de la misère et du malheur des Palestiniens. Donc je crois que si l'on veut à la fois lutter contre l'islamophobie et contre l'antisémitisme, il faut avoir des positions très claires sur l'origine du sionisme...

Alain Touraine, ironique
Supprimons l'Etat d'Israël, on pourra les noyer tous, comme ça il n'y aura plus d'antisémitisme puisqu'il n'y aura plus de Juifs

Houria Bouteldja
Permettez, je finis... Il faut d'abord comprendre quelle a été la fonction politique du sionisme. Les pays occidentaux, l'impérialisme occidental dans les années 40 a permis le sionisme parce qu'il servait ses intérêts dans le monde arabe : la mainmise des richesses du monde arabe par la création d'Israël... Vous croyez qu'ici dans les années 40 on était pas antisémite ? La création de l'état d'Israël, c'était aussi une façon de se débarasser des Juifs d'Europe.

Prenant ensuite à partie Jacques Chancel, Houria Bouteldja l'accuse de ne pas avoir dénoncé avec autant d'énergie les propos islamophobes et négrophobes qui se tiennent quotidiennement en France que les propos antisémites du ministre algérien. Chancel répond : "vous avez une telle sincérité, votre sincérité est évidente, qu'il est presque impossible de parler avec vous".

La soirée continue, à commencer par l'idée d'islamophobie comme racisme... je ne vais pas tout retranscrire....
environ 25 minutes d'émissions viennent déjà de se dérouler, et au-delà de la responsabilité pour chacun des propos qu'il a tenu, on a le sentiment extrêmement pénible d'assister au déferlement d'un torrent de haine antisémite. Même le brave Jauffret, qui a raison d'insister sur la diversité au sein du monde juif, sur la démocratie israélienne, etc., adhère à l'idée que "sioniste" est une insulte, que ce qui sauve les Juifs c'est qu'ils ne sont pas tous sionistes. Certes, Touraine a un peu rectifié le tir, mais sans jamais répondre sur le fond des arguments fallacieux d'Houria Bouteldja (par exemple, lorsqu'elle affirme que la démocratie israélienne n'est pas pour les arabes, ou quand elle affirme que la création d'Israël représente une mainmise de l'occident sur les richesses arabes... il est vrai qu'à ce niveau, il n'y a peut-être même pas besoin de répondre). Ce soir là, les oreilles des Juifs de France ont sifflé...

Déclaration scandaleuse de Sarkozy

"Je lance un appel au peuple d'Israël pour qu'il n'inflige pas au peuple palestinien la même injustice que celle qu'il a subie lui-même pendant tant de siècles"

En faisant cette déclaration, Sarkozy s'inscrit dans un style que l'on connait, le style plutôt ignoble d'Edgar Morin. Cette déclaration de Sarkozy est scandaleuse, scandaleuse parce qu'elle s'appuie sur la même idée d'une transformation automatique des victimes en bourreaux que celle qui constitue le coeur de la démonisation d'Israël par ses ennemis, tel qu'on l'a vu à Durban 1 et tel que cela se prépare pour Durban 2; déclaration scandaleuse parce qu'elle nie la responsabilité des leaders arabes et en particuliers d'Arafat dans le malheur des Arabes de Palestine, responsabilité écrasante pour qui connait un peu l'histoire; déclaration scandaleuse parce que placée sous le signe de la confusion, au lendemain de son hommage à Camus dont il n'a pas retenu la leçon : " mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde". Déclaration scandaleuse encore parce qu'une fois que l'on a reconnu que la situation des Arabes de Palestine vis-à-vis du peuple d'Israël n'a en effet aucun rapport avec l'injustice subie durant des siècles par le peuple juif, on doit s'interroger sur le choix de cette analogie douteuse pour s'adresser aux Juifs : veut-on suggérer que ce serait là le seul langage qu'il pourrait comprendre ? pour parler aux Juifs de la souffrance d'un autre peuple, il faut absolument leur rappeler leur propre souffrance, même si cela n'a aucun rapport, faute quoi ils ne comprendraient pas ?



On me dira peut-être que Sarkozy ne prétend pas décrire une situation actuelle, mais qu'il lance un appel pour que cette situation ne se produise pas ? Ce n'est évidemment pas convaincant, car pourquoi lancer un tel appel s'il ne s'agissait pas de renforcer dans leur opinion ceux qui nazifient Israël à longueur d'années.

Tout se passe comme si après les accusations antisémites le visant, Sarkozy avait voulu donner des gages aux antisémites. Déjà, au lendemain de ces accusations, il s'était déclaré hostile aussi bien à l'antisémitisme qu'à l'islamophobie, reprenant à son compte ce concept d'origine iranienne visant à faire passer toute critique de l'idéologie islamique pour du racisme. Confusion dans le prolongement de celle qui le faisait nommer naguère un "préfet musulman", comme si le préfet en question, s'il avait choisi de renoncer à la religion musulmane, aurait dû non seulement être condamné pour apostasie par les musulmans intégristes, mais également démissionner de son poste de préfet de la République puisque n'entrant plus dans la définition du ministre : être un préfet musulman.

Pendant que Rama Yade dénonce, nous nous en félicitons, le carnaval antisémite du conseil des droits de l'homme, la France vote la plupart des résolutions qui condamnent Israël. Double discours inquiétant... le moins que l'on puisse dire, c'est que les confusions scandaleuses de Sarkozy ne sont pas pour nous rassurer.

Anatole

A suivre... la propagande sur France Culture (suite)

Voici le retranscription effectuée par mes soins de la chronique d'Antony Bellanger dont nous avons parlé récemment au sujet de laquelle nous nous posons la question : "information objective, ou propagande éhontée ?"

Après l'annonce par Vincent Lemerre de la chronique de Courrier International par Bellanger dans le contexte de l'après Annapolis, celui-ci commence :

Oui, alors vous savez, on va surtout parler de la première intifada, l'anniversaire de la première intifada... Tout avait commencé par un banal accident de la circulation, le 8 décembre 1987 : un char israélien qui circulait à vive allure écrasait une voiture et ses quatre occupants [...] Coté palestinien, la rumeur a enflé : "ce n'était pas un accident, mais un acte de vengeance" et le lendemain, les territoires s'embrasaient. Cette révolte des palestiniens de l'intérieur a pris tout le monde par surprise, y compris l'OLP de Yasser Arafat...

Mais cette première intifada ce sont surtout des images d'adolescents gazaouis ou de Cisjordanie qui se sont battus à coup de pierres contre Tsahal, des images qui ont fait le tour du monde, ternissant durablement l'aura de l'armée israélienne ou de l'Etat hébreux.

Alors aujourd'hui, lorsqu'on feuillette la presse palestinienne, le moins que l'on puisse dire est que l'on est loin de l'optimisme qui prévalait après la signature des accords d'Oslo ou même après ceux d'Annapolis.

A la Une de Al-Hayat al-Jadida par exemple, qui est l'un des principaux quotidiens palestiniens, publié à Ramallah en Cisjordanie , le mot Shahid est récurrent. "Shahid" cela veut dire "martyr". Dans les territoires palestiniens, tous ceux qui meurent à cause de l'occupation israélienne sont des Shahid. En ce moment, à Gaza par exemple, on meurt à cause des incursions israéliennes qui répliquent, vous savez (tout en parlant plus vite, Bellanger semble éprouver à cet instant une certaine lassitude), aux rafales de roquettes Qassam, on meurt dans une sorte de guerre civile larvée qui oppose les partisans du Hamas à ceux du Fatah, mais on meurt aussi, comme un certain Mohammed S., c'était le 28 novembre dernier, du cancer. Mohammed avait 58 ans et demandait depuis plusieurs semaines à sortir de Gaza pour se faire soigner en Jordanie. Pour cela il faut une autorisation de l'armée israélienne, autorisation qui est communément refusée et qui a donc valu à Mohammed de mourir sans soin. Cette situation est si fréquente que dans les pages du quotidien israélien Yediot Aharonot cette fois-ci, on apprend qu'elle a fait l'objet d'une plainte auprès de la Cour Suprême israélienne. La plus haute juridication du pays avait été saisie par onze malades en phase terminale à qui on interdisait de sortir de Gaza pour être soigné en Egypte ou en Jordanie. Le jugement a été rendu le 29 novembre dernier et exige que les forces israéliennes laissent passer ces malades. La décision est intervenue trop tard pour [...], un jeune homme de 21 ans qui est donc mort sans soins.

En fait, et ce depuis la victoire du Hamas à Gaza, c'était en juin dernier, cette bande de terre qui abrite 1,5 millions de personnes, vous savez Vincent c'est l'un des territoires les plus concentrés ... heu, les plus denses du monde, et cette bande de terre est considérée par les autorités israéliennes comme un territoire ennemi : personne n'entre ni ne sort, ou seulement au compte goutte...

Le quotidien Al Qods le raconte : 670 étudiants qui devaient rejoindre des universités à l'étranger sont piégés dans la bande de Gaza, car si l'on peut commencer ses études dans le territoire, l'Université à Gaza ne délivre pas de licence ou de master pour un grand nombre de disciplines, évidemment sans parler des doctorats.

Cette situation a conduit le responsable de l'approvisionnement en eau, un certain N..., a prendre la plume, et en marge de la réunion d'Annapolis de lancer une sorte de cri d'alarme dans les pages du quotidien américain Washington Post : "depuis le 19 septembre (2007)" explique-t-il, "seule la nourriture peut entrer dans la bande de Gaza, toutes les matières premières qui alimentaient l'économie gazaouie ont cessé de passer; depuis lors, 85% des usines et 95% des projets de construction se sont arrêtés. 70 000 palestiniens ont perdu leur emploi, et les gazaouis ne vivent aujourd'hui que grâce à l'aide d'ONG occidentales ou islamistes. De plus, les israéliens ont commencé le 28 octobre (2007) à restreindre les livraisons de combustible; début novembre, explique ce responsable, sept installations d'eau potable qui alimentaient 35 000 personnes ont dû être interrompues. La semaine dernière, trois autres ont suivies, ainsi que deux stations d'épuration pour un total de 50 000 personnes affectées. Aujourd'hui, explique monsieur N., 15% de la population de la bande de Gaza n'a plus accès à l'eau potable". Lui aussi a fait appel à la cour suprême israélienne, mais en attendant monsieur N. a supplié à Annapolis les négociateurs de se souvenir des 1,5 millions de gazaouis dont l'écrasante majorité, écrit-il, ne tire pas de roquette Qassam sur le territoire israélien.

Et Bellanger de conclure sur un ton ironique et plein de sous-entendus :

Est-il utile de préciser, Vincent, qu'il n'a pas été écouté ?

mardi 4 décembre 2007

Jean Ziegler au JT de France 2

Lettre au médiateur de France 2 :

Monsieur,

Pourquoi avoir donné ce 4 décembre au soir, au JT de 20h, la parole à Jean Ziegler sur le racisme, comme si les propos de ce monsieur pouvaient apporter le moindre éclairage sur ce thème, alors que monsieur Ziegler, est le co-fondateur avec monsieur Kadhafi d'un prix "des droits de l'homme" (source : rapport de M. Marcovich publié par la LICRA) déjà attribué à monsieur Fidel Castro, monsieur Hugo Chavez, monsieur Mahathir bin Mohamad (vous vous souvenez : "les Juifs contrôlent le monde, etc..." c'était dans un de ses discours) et... Roger Garaudy !! Ce monsieur Ziegler, rapporteur à l'ONU sur l'alimentation, ne parle jamais ou presque, dans ses rapports, des pays où l'on crève de faim : le Burundi, l'Erythrée, l'Ethiopie, la Tanzanie, l'Uganda, la seule région du monde qui l'intéresse est celle qui bénéficie déjà d'un maximum d'aide internationale : la Palestine, la seule cause qui l'importe vraiment : démoniser Israël.

Alors oui, parlez-nous du racisme, parlez-nous de Durban 1, de Durban 2, parlez-nous des droits de l'homme dans les pays qui s'activent au "Conseil des Droits de l'Homme" de l'ONU, parlez-nous de la réalité qui se cache derrière le slogan iranien de "l'alliance des civilisations", parlez-nous de qui est vraiment Jean Ziegler, demandez-vous si sa dénonciation des bio-carburant n'a pas un petit rapport avec les petro-dollars de quelque région "pauvre" du globe, bref : commencez enfin à faire vraiment votre boulot de journalistes en cessant de nous vanter les étiquettes pour regarder ce qu'il y a dans la boîte !!!!

dimanche 2 décembre 2007

France-Culture contre Israël

Dimanche 2 décembre 2007, de 12h24 à 12h29, France Culture propose une chronique d'Anthony Bellanger, chef des informations à Courrier International, chronique entièrement à charge contre Israël, accusée notamment de faire obstacle aux soins aux malades. Cette chronique d'Anthony Bellanger contient en fait autant d'accusations qu'il est possible en cinq minutes : une accusation par phrase, une par mot si cela était possible.

On peut entendre durant quelques jours cette chronique entre les minutes 24' et 29' de l'enregistrement disponible à cette adresse :

http://www.tv-radio.com/ondemand/france_culture/ASUIVRE/ASUIVRE20071202.ram


A M. Bellanger, qui a participé il y a quelques temps à un débat sur le thème "L’information internationale est-elle objective?", et à Vincent Lemerre, qui produit sur France Culture l'émission "A suivre" qui accueille la chronique de M. Bellanger, nous aimerions poser une première question : existe-t-il une seule émission sur France Culture où se trouve soutenu de cette manière un point de vue favorable à Israël ?

Nous nous poserons quant à nous la question suivante : le billet de M. Bellanger entre-t-il dans la catégorie "information objective" ou "propagande anti-israélienne éhontée" ?

A suivre...