lundi 9 janvier 2012

Attribution arbitraire de capitale

Un usage bien établi consiste à désigner l'action et la communication d'un Etat en les référant au nom de sa capitale : "Paris a précisé que...",  "Washington a décidé de..."

Or, de nombreux journalistes, encore récemment sur France 24 par exemple, où mon commentaire courtois à ce sujet a été purement et simplement censuré, désignent l'action du gouvernement israélien en la référant à "Tel Aviv".

Mais qui a décidé que la capitale d'Israël était Tel Aviv ? Certainement pas Israël ! Or, personne ne peut décider à la place d'un Etat quelle est sa capitale.

Certes, la centralité politique et religieuse de Jérusalem pour les Juifs de l'antiquité, la place qu'elle occupe depuis dans leur coeur et dans leurs prières, aussi essentielles soient-elles, n'auraient pas suffi à elles seules à asseoir la légitimité du choix de Jérusalem unifiée comme capitale d'Israël, car on ne peut a priori nier les aspirations également légitimes d'autres peuples qui depuis des siècles vivent eux aussi dans cette région. 

Néanmoins, avant 1967, à une époque où aucune occupation n'est reprochée à Israël, le choix par cet Etat de la seule Jérusalem-ouest comme capitale ne pouvait en droit lui être contesté. L'ONU a fait des recommandations contraires, mais il est clair que les Israéliens n'avaient aucune obligation à suivre de telles recommandations s'agissant de choix internes portant sur l'organisation d'un territoire internationalement reconnu comme israélien.

A cette époque, entre 1949 et 1967, le comportement scandaleux des Jordaniens, détruisant les synagogues de la vieille ville de Jérusalem, profanant l'antique cimetière juif du Mont des Oliviers, interdisant aux Juifs l'accès au "mur des lamentations" pour finalement, en 1967, préparer avec d'autres pays arabes une guerre visant à la destruction de l'Etat d'Israel a finalement rendu légitime qu'au lendemain de la victoire d'Israël celui-ci décide de réunifier Jérusalem et d'en faire sa capitale. Depuis, la liberté de culte est assurée pour les pratiquant des trois religions, et tous les sondages montrent qu'une majorité de Palestiniens israéliens de Jérusalem préfèrent garder la citoyenneté israélienne plutôt que de devenir un jour citoyens d'un futur Etat palestinien. 

Ainsi, soulignons-le encore une fois, la légitimité israélienne sur Jérusalem est donc bien le produit de plusieurs facteurs : non seulement l'antiquité juive, la religion juive et le sentiment juif quant à Jérusalem, mais aussi et surtout, car les raisons précédentes  n'auraient pas été suffisantes, l'histoire qui, de la création d'Israël à la guerre des Six Jours en 1967, aura finalement conduit à la proclamation par Israël de Jérusalem unifiée comme sa capitale.

Une fois qu'on a dit cela, le fait est que la plupart des pays, du fait de la contestation par les Arabes palestiniens de cette situation et de la poursuite du conflit, ont décidé de ne pas reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël. On peut le regretter, on peut comprendre que certains s'en réjouissent, mais de toute façon c'est un fait. Dans ces conditions, on peut comprendre qu'un journaliste français (par exemple) se trouve embarrassé pour désigner la capitale d'Israël. Or, la solution est dans ce cas assez simple : il lui suffit de dire "Israël a décidé de...". 

Ce qui par contre est totalement incompréhensible est qu'il décide de son propre chef de dire "Tel Aviv a décidé de...". En effet, au nom de quoi déciderait-il d'attribuer à un Etat une capitale que celui-ci ne se serait pas lui-même choisi ? Il y a des ambassades à Tel Aviv, mais il y en a aussi dans d'autres villes, ce n'est de toute façon pas un critère suffisant. Ceux qui, comme on le fait ordinairement à Ramallah ou à Gaza, refusent de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, eh bien, c'est leur affaire, mais rien ne les autorise à désigner arbitrairement Tel Aviv comme étant cette capitale. 






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