mercredi 29 juin 2005

Retrait de Michel Wieviorka de la liste infâme

D'après le site http://www.nonauxracistes.com, au sujet duquel nous avons dit quelques réserves mais dont on lira avec intérêt les documents,

"Premier désistement: Michel Wieviorka, directeur d'études à l'EHESS, a demandé à Libération de retirer son nom de la liste".

Vérification faite sur le site de Libé (http://www.liberation.fr/page.php?Article=306241)
le nom de Michel Wieviorka a bien été retiré.

Michel Wieviorka a dirigé l'ouvrage "La Tentation antisémite. Haine des juifs dans la France d'aujourd'hui" (éd. Robert Laffont), ouvrage aux thèses sociologisantes discutables et dont une critique assez juste peut être lue ici :

http://livres.lexpress.fr/critique.asp/idC=10363/idR=12/idG=8

La Garaudysation des esprits

Merci à Gerard Huber,

Auteur de GUÉRIR DE L’ANTISÉMITISME (Le Serpent à Plumes, 2005)

qui nous a envoyé le texte qui suit.

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S’il est un intellectuel qui doit se frotter les mains, c’est
bien Roger Garaudy. Certains anti-négationnistes, comme Edgar Morin (avec
Sami Naïr et Danièle Sallenave, signataires d'un article intitulé
«Israël-Palestine : le cancer» publié dans le Monde du 4 juin 2002)
rejoignent, en effet, aujourd’hui, son raisonnement, voire ses idées, sur le
judaïsme, le sionisme et l’antisémitisme

Rappelons qu’à la suite de son procès, les 8,9,15 et 16 janvier 1998, Roger
Garaudy fut condamné pour “complicité de contestation de crimes contre
l’humanité”, “diffamation à caractère racial” et “provocation à la
discrimination, à la haine et à la violence raciales”, en appui sur Les
Mythes fondateurs de la politique israélienne (in Revue La Vieille Taupe,
1995), ouvrage qui relayait les délires révisionnistes et négationnistes de
Robert Faurisson et de Paul Rassinier.

Or forts de la certitude que seuls les négationnistes pouvaient être
condamnés pour diffamation à caractère racial, des intellectuels se
sentirent autorisés à diffamer Israël et les Juifs, du moment qu’ils avaient
fait la preuve qu’ils étaient anti-négationnistes. C’est le cas d’Edgar
Morin. Le problème, c’est qu’ils avaient oublié de noter ce que Roger
Garaudy avait lui-même affirmé : « Mon propos n’est pas de discuter du
nombre de morts de l’Holocauste, mais de démontrer que c’est la politique
sioniste qui engendre une nouvelle vague d’antisémitisme ». Dès 1985,
n’avait-il, d’ailleurs, pas publié L’Affaire Israël (Papyrus) dans lequel il
écrivait : “ce n’est pas l’antisionisme qui engendre l’antisémitisme, c’est
le sionisme lui-même” (p. 33), et : “les sionistes usent – et abusent - d’un
autre argument qui, au moins, repose sur une réalité historique : le
massacre des Juifs par Hitler” (p. 77) ?

En fait, pour qui savait lire, le négationnisme apparaissait comme un détail
dans son argumentation antijuive. Conscient qu’il encourait une peine sans
gravité, étant donné l’écart existant entre la qualification de «
contestation de crimes contre l’humanité » et la sanction juridique de ce
délit, Garaudy sut focaliser l’attention sur le bien connu du révisionnisme
et du négationnisme, pour mieux ouvrir la voie à un nouveau type
d’attribution de la responsabilité de l’antisémitisme au judaïsme. Le
judaïsme sioniste, en général, celui de l’Etat d’Israël actuel, en
particulier, pouvaient, ainsi, devenir les causes de l’antisémitisme, mais à
la condition que l’argument fût donné au nom même de la reconnaissance de la
Shoah, et non, comme chez Garaudy, au nom de la contestation de sa réalité.

La preuve est faite que, désormais, Edgar Morin et de nombreux intellectuels
(appel du 22 juin 2005) qui le soutiennent sont tombés dans le désir de
Garaudy. Deux précautions oratoires : la reconnaissance de la Shoah et le
travail contre l’évidence des convictions intérieures, jusqu’à leur
destruction, s’il le faut, se sont frayées ainsi leur chemin vers la bonne
conscience du dénigrement de l’Etat d’Israël qui est devenu le prototype du
retournement de la victime en bourreau. On a clivé l’affect Garaudy pour
mieux retenir l’idée qu’il proclamait : l’illégitimité d’Israël. Mais
l’affect est revenu sous une autre forme. La délégitimation d’Israël s’est
imposée comme le terme naturel de l’anti-antisémitisme. La radicalité des
certitudes antisionistes s’est installé jusqu’à l’ « endoctrinement
anti-israélien » (Derrida). La critique non critique l’a emporté.

Roger Garaudy a donc atteint son objectif : autoriser l’anti-négationnisme à
exprimer son rejet d’un judaïsme qui intègre le sionisme.
L’anti-antisémitisme n’est plus qu’un pare-fantasme du meurtre du Juif
sioniste en soi.

Libé soutien Morin, 2ème ; Heiddeger, l'autre pétition

Libé soutien Morin, 2ème

"l'incroyable condamnation d'Edgar Morin pour diffamation raciale" : c'est l'une des phrases de l'article de Jean-Pierre Thibaudat aujourd'hui 29/06/05 dans Libération qui, après la publication d'une "pétition" vendredi dernier prend décidément la tête du soutien au Monde et au texte raciste de Morin & alter.

On avait remarqué que le soutien de Libération allait jusqu'à indiquer où il fallait écrire pour apporter sa signature à cette pétition de soutien.

Il s'agissait d'une adresse à l'EHESS, très mobilisée dans ce combat honteux.

Or, parmi les messages de soutiens à Morin qu'elle a dû recevoir, et parmi les critiques aussi (moi-même j'ai adressé des critiques à cette adresse ainsi qu'au MCX, toujours polies), il y a eu, évidemment, des gens qui ont dérapé, qui ont proféré des menaces contre Morin, lui permettant à présent de se poser en victime....

Heiddeger, l'autre pétition

Pendant ce temps, pas un mot de cette affaire dans le Monde. Il y a pourtant bien une pétition évoquée sur le site internet du Monde, une pétition avec laquelle nous sommes bien d'accord et signée notamment de Vidal-Naquet, l'un de ceux, avec Nora, Passet et Virilio qui ne semblent pas avoir apporté leur signature au texte de soutien publié dans Libé alors même qu'ils avaient signé un autre texte de soutien à Morin, avant le procès. Cette autre pétition concerne les recherches sur les relations entre la philosophie de Heiddeger et son implication dans le nazisme. Je cite le blog de Pierre Assouline hébergé par Le Monde internet :
affaire Heiddeger

[... ] Une pétition vient tout juste d'être lancée [...] signée de philosophes (Jacques Bouveresse, Jacques Brunschwig, Michèle Cohen-Halimi, Pierre Guenancia), de germanistes (Georges-Arthur Goldschmidt, Jean Bollack, Jean-Pierre Lefèvre), d'historiens (Pierre Vidal-Naquet, Jean-Pierre Vernant, Paul Veyne, Pascal Ory), d'un lexicologue (Alain Rey)...

[Après un extrait de la pétition en question :]

"Nous [...] pensons que la recherche critique sur l'oeuvre de Heidegger dans son rapport au nazisme doit se poursuivre et s'approfondir ..."

[Assouline poursuit :]

[...] Appel contre appel, pétition contre pétition. Il faut toujours répondre, même si ce n'est pas ça qui fait avancer le débat. Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait du "nazisme" de Heidegger ? Lui conserver ou lui retirer ses guillemets ? Le pire serait d'escamoter le débat ou de le traiter par le mépris. Il est désormais impossible de faire comme si sa face noire ne le défigurait pas d'une certaine manière.
Si le penseur en question était mineur ou de second ordre, on le passerait par profits et pertes, dans une colonne comptable de l'histoire des idées déjà pleine d'imposteurs à plume et d'intellectuels fourvoyés. Mais Heidegger est le plus grand philosophe du XXème siècle, le maître à penser de générations de philosophes occidentaux.
On n'a donc pas fini de se demander : que faire du "nazisme" de Heidegger et, partant, de la pensée de Heidegger ?"
----------------------------------
Bien que Morin soit loin d'être l'un des plus grands penseurs du XXème siècle, est-il désormais possible "de faire comme si sa face noire ne le défigurait pas d'une certaine manière ?" Bien que le penseur en question soit mineur ou de second ordre, le passe-t-on par profits et pertes ? que faire du "racisme" de Morin et, partant, de la pensée de Morin ? Se pourrait-il par exemple qu'au niveau où il se situe, l'appel à la complexité ne soit qu'un slogan accompagnant le cas échéant une pensée simpliste ? Et ces remous qui agitent une partie très influente du monde intellectuel français, est-il possible que "Le Monde" n'en parle pas ?

mardi 28 juin 2005

Evacuation de Gaza et image d'Israël

Après le colon d'extrême-droite, voici venir "l'évacuateur de colon" d'extrême-droite : l'image de jeunes militaires (rappelons l'amitié que l'on porte en France aux militaires) face à de vieux rabins en costume rituel sera à coup sûr utilisée pour poursuivre le processus de "nazification" d'Israël par certains médias (dont de distingués représentants viennent de signer l'appel que l'on sait).

D'un seul coup, les "colons d'extrême-droite", face à "Tsahal", pourraient bien devenir pour l'opinion les nouvelles victimes juives d'une armée israélienne dès lors identifiée aux "persécuteurs de Juifs".

Sans cesser pour autant, probable "miracle" de la "complexité" à la Morin, d'êtres d'odieux colons d'extrêmes-droites, vous allez voir que les jeunes militaires chargés de les évacuer vont nous être dépeints comme pire encore que les fous de D.

Les amis de la nouvelle ancienne gauche sont-ils du coté de l'ancienne nouvelle droite ?

Un message vous a été envoyé par [J] à propos de la contestation d'intellectuels et journalistes... L'as-tu lu ?

Entretien avec William Goldnadel : Si un leader d'extrême droite avait prononcé les mots pour lesquels les auteurs de l'article ont été condamnés, je vous garantis qu'il y aurait eu immédiatement une levée de boucliers pour les dénoncer

*************

Une "pétition" est actuellement lancée en riposte à la "pétition" de soutien à Morin. Je n'ai pas encore décidé si je la signais ou pas, à mon avis cela demande une grande prudence.


Chacun peut y réfléchir : http://www.nonauxracistes.com

Le fait de traiter Morin et lui seul de raciste pose problème : je me fous de savoir si Morin est comme ceci ou comme cela, c'est son affaire. Le texte qu'il a co-signé est un texte raciste, et la justice française a tranché.

Il reste à regretter le soutien apporté aux condamnés par un mélange hétéroclite de signatures plus ou moins autorisées, soutien non pas au principe d'une liberté d'expression sans judiciarisation aucune, après tout pourquoi pas, mais bien au contenu même de cet article qui restera dans les annales de l'antisémitisme.

Je ne sais pas si les signataires de ce texte de soutien sont antisémites; ils ne le sont probablement pas tous, et encore une fois c'est leur problème.

En qualifiant le texte raciste d'équitable leur "pétition" de soutien démontre au mieux la profonde bêtise des signataires, au pire une haine anti-juive dans laquelle on leur souhaite bien du plaisir à mijoter...


Wiervorka & Poumier

Les amis de Morin

samedi 25 juin 2005

Les propos de Monsieur Morin

Tout d'abord, pour juger sur pièce, le texte.

Puisque nos braves pétitionnaires parlent de contextualisation, contextualisons... en renvoyant d'abord à l'article condamné.

Il s'agit d'un article du Monde, écrit en 2002, en cette époque lointaine où la rédaction du Monde était dirigée par Plenel et pouvait sans sourciller publier une caricature établissant un parallèle entre les combats violents de la guerre à Jenine, dont on sait aujourd'hui qu'ils ont opposé un groupe déterminé d'une quarantaine de combattants palestiniens à des unités déterminées de l'armée israélienne, comparant Jenine, donc, à Auschwitz. A la Shoah, donc.

Ou encore le dessin d'une carte d'Israël en forme de poignard. C'était l'époque où brulaient des synagogues, où les Juifs pratiquants songèrent à remplacer dans la rue leur kippa par une casquette, c'était du temps où les français juifs ne voulaient pas voir cet antisémitisme, toujours ancien, toujours nouveau, que l'on croyait jusqu'alors confiné dans le cercle de l'extrême droite et face auquel on s'étaient reconnu dans l'antiracisme des alliés solides et des amis sincères.

C'était le temps où Alain Finkielkraut, peut-être le premier contributeur en France du débat philosophique sur la société par son émission du samedi sur France Culture, formulait justement la situation : "en guise d'étoile jaune, on cousait aux juifs une croix gammée".

C'était l'époque où les mensonges vous étaient renvoyés en miroir de vérités, tandis que chacun s'agissant de tous autres débats répétait que "l'autre est le miroir de soi-même" croyant sans doute lui faire un compliment, à l'autre, que de le traiter de miroir.

De quoi rendre fou, oui.

L'émotion soulevée par la vision de militaires faisant face à des enfants, ou d'autres visions choquantes de la guerre, devait conduire beaucoup, même parmi les Juifs, à accepter l'idée folle que les militaires, sûrement tous les militaires ("le pacifisme n'est-il pas une belle idéologie ? et s'il n'y avait pas de militaires, il n'y aurait pas de guerre, n'est-ce pas ?") étaient en somme des nazis.

En fait, ce jugement général sur les militaires concernait surtout les militaires israéliens.

Enfin, les américains aussi, bien sûr.

Bon, et les français sûrement aussi, après tout, notre éthique nous recommande de balayer devant notre propre porte, et du Maréchal à Tonton en passant par le Général il y aurait matière.

Les chinois, les russes ? (c'est loin... )

Les armées africaines ? (mais de quoi parle-t-on ?)

Et les groupes armés palestiniens ? Eux aussi étaient-ils, en tant que militaires, l'incarnation du Mal sur la Terre comme l'étaient Sharon, Bush et leurs armées ?

Heu... non, pas eux, en fait. Pas même les types armés qui chaque jour poussaient les petits frères munis de cailloux face à l'armée israélienne, sous le regard selectif des caméramen palestiniens. Non, eux c'était la resistance.

Donc, on était en 2002.

Aujourd'hui, Edgar Morin dirige (avec d'autres) le beau Programme européen MCX
"Modélisation de la CompleXité", dont le site est là :
http://www.mcxapc.org/

Or, accompagné de ce commentaire : "Cet article (initialement publié dans le Monde du 4 juin 2002), a fait l'objet dans quelques médias de procès d'intentions" on y trouve le texte intégral de l'article qui vient d'être condamné, précisément à cette adresse :
"http://www.mcxapc.org/docs/conscienceinextenso/morinext.htm

Mais voici que le 17 juin 2005, à Silvia Cattori, journaliste suisse ayant notamment écrits des articles tels que ceux-ci :

- 16.05.05 : Bush et Sharon veulent éliminer le Hamas 
- 11.02.05 : Israël emprisonne les enfants 
- 05.02.05 : Abou Mazen ne représente qu'une partie des palestiniens 
- 05.12.04 : Pierre-André Taguieff : Un "prêcheur de haine" magistral 
- 19.11.04 : Entretien avec Alain Ménargues. 
- 28.01.04 : C'est la guerre, une guerre d'extermination. 

(http://www.nord-palestine.org/ressources_Silvia_Cattori.sommaire.htm)

Edgar Morin a accordé une interview, et celle-ci est notamment publiée sur un site qui s'affiche sans-frontièriste, capjpoïste et dieudoniste : les "Ogres", ce qui veut dire : "Ouvertures Géographique Religieuse Ethnique Sociale" . Cela se trouve là, mis en ligne le 24/06/2005 :

http://lesogres.org/article.php3?id_article=524

vendredi 24 juin 2005

Les tolérants de l'intolérable, ou quand "les intellos" soutiennent un texte raciste...

L'article de Stéphane Denis (voir notre article "pour un oui, pour un non") dans le Figaro se concluait par un appel à condamner la condamnation du Monde et les trois auteurs de l'article antisémite incriminé.

Appel entendu, puisque plus d'une centaine de personnes, dont beaucoup d'universitaires et de journalistes, viennent de signer un texte publié ce matin dans Libé,
ci-après appelé "texte de soutien", qui apporte donc son soutien aux auteurs du texte incriminé.

La mauvaise foi dudit texte éclate dans le simple rapprochement entre le texte incriminé et le texte de soutien, rapprochement sur lequel notre correspondant [UG] attire notre attention :

D'après le texte de soutien, on peut lire que : « les critiques s’adressent non à un peuple mais à un occupant ».

Dans le texte incriminé, on lit : « On a peine à imaginer qu’une nation de fugitifs, issus du peuple le plus longtemps persécuté dans l’histoire de l’humanité, ayant subi les pires humiliations et le pire mépris, soit capable de se transformer en deux générations en peuple dominateur et sûr de lui, et à l’exception d’une admirable minorité, en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier. »
- « Les juifs d’Israël, descendants des victimes d’un apartheid nommé ghetto, ghettoïsent les Palestiniens. Les juifs qui furent humiliés, méprisés, persécutés, humilient, persécutent les Palestiniens. Les juifs qui furent victimes d’un ordre impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux Palestiniens. Les juifs, victimes de l’inhumanité, montrent une terrible inhumanité. Les juifs, bouc-émissaires de tous les maux, « bouc-émissarisent » Arafat et l’Autorité palestinienne, rendus responsables d’attentats, qu’on les empêche d’empêcher. »



Parmi les signataires, Laure Adler, Jean Baudrillard, Esther Benbassa, Jean Daniel, Régis Debray, Emmanuel Le Roy Ladurie, Edwy Plénel, Alain Touraine, Michel Wieviorka.

Au coeur de l'argumentation de ces personnes, la contextualisation : seule une lecture de fragments décontextualisés conduiraient à comprendre l'article publié dans le journal du soir comme un texte antisémite. Pris dans sa globalité, il s'agirait en fait, selon eux, d'un texte équilibré tenant compte de la complexité du réel pour dénoncer la position d'un occupant comme elle l'aurait fait de n'importe quel autre. En fait d'équilibre, il s'agit d'un texte entièrement idéologique, dont le mécanisme central repose sur une "découverte" théorique "majeure" : il arrive que des victimes se transforment en bourreaux.

Grâce à ce "puissant" outillage théorique, que dans le cas des Juifs ou d'Israël on prendra soin d'appliqer sans le "il arrive" mais au contraire avec la certitude, étayée par... la lecture du Monde, de Libé, du Figaro et des dépêches de l'AFP, que cette transformation "victime-> bourreaux" est nécessaire, qu'elle est "la" clé pour comprendre le peuple d'Israël, Morin, Naïr et Sallenave ont activement participé à l'accusation plus tard reprise en geste par un Dieudonné : dans le conflit du Proche-Orient, les Juifs sont des nazis, les palestiniens des juifs.

Or, l'examen attentif des innombrables informations en provenance du Proche-Orient, l'analyse de leurs contradictions et des désinformations auxquelles elles donnent lieu, l'examen de l'histoire du conflit, en fait et malheureusement le simple bon sens lorsque l'on considère la différence entre une situation d'explosion démographique d'une population héritant de génération en génération du statut de réfugié et celle d'un peuple industriellement exterminé (en effet, cela n'a rien à voir), tout montre que l'accusation de Morin & alter est tout sauf rationellement soutenable, qu'elle est idéologique, simpliste et outrancière. Elle se situe au même niveau que les tags que l'on voit parfois dans les chiottes des cafés ou des cinés mettant un signe égal entre l'étoile de David et la croix gammée.

Les soutiens de Morin nous diront probablement qu'il ne faut pas extraire un tag de chiottes de son contexte. Moi je dis qu'ils sont la honte de notre pays, et c'est ce que l'histoire retiendra d'eux.

En attendant, nous devrons nous battre contre la guerre à l'intelligence menée par ces esprits autorisés, qui confondent délit d'opinion et liberté d'expression.

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Autres liens sur le sujet :

N'en déplaise à ses détracteurs, le délit d'opinion existe bel et bien en France

par N. Leibowitz, qui écrit : " La société française, ses élites du moins, ne semble plus connaître le sens des mots, ni ses propres devoirs et responsabilités. Bref, elle s'infantilise, ou veillit trop vite. Atteinte de perte d'équilibre, elle est rongée par un trouble dont on ne peut que redouter les effets [...]"

jeudi 23 juin 2005

Chronique d'une troisième intifada annoncée

Tandis qu'un sondage diffusé récemment par "la paix maintenant" montre que, malgré les progrès du Hamas face au Fatah, et malgré des années de propagande délirante, une petite majorité de la population palestinienne considère que la seconde intifada s'est révélée néfaste pour les palestiniens, et ont plutôt confiance en Mahmoud Abbas pour conduire la Palestine vers un redressement, d'autres rumeurs commencent à se faire insistantes. Les Palestiniens ne seraient pas satisfaits par la rencontre Abbas/Sharon, et voici que Leïla Shahid annonce une possible troisième intifada, que le ministre français des affaires étrangères, Douste-Blazy, parle lui aussi de cette "possibilité".

Les palestiniens, une partie d'entre eux tout au moins, semblent ainsi se préparer à une nouvelle guerre contre Israël, tout en préparant l'opinion mondiale à l'idée que cela sera la faute d'Israël.

Le ministre français pourrait exprimer un point de vue, dire par exemple que rien ne vient appuyer l'idée selon laquelle les palestiniens auraient de légitimes raisons d'entreprendre une troisième intifada. Non, il se borne à se faire échos aux propos de Mme Shahid.

Au passage, le nouveau petit "chef" du Quai fustige "cette fameuse barrière", cette même barrière de sécurité (dont on sait, ou devrait savoir, d'une part qu'elle ne consiste en un mur que sur quelques pourcents de sa longueur, qu'il s'agit d'un dispositif de sécurité relativement facile à démonter le moment venu, qu'il a permis une baisse considérable des attentats contre les civils israéliens et enfin qu'il n'est que l'un des nombreux dispositifs de ce genre dans le monde, parfois de véritables murs, mais que c'est le seul dont les français ont entendu parler, souvent sous l'appellation idéologiquement très travaillée et parfaitement mensongère de "mur de l'apartheid").

On peut regretter que Douste n'ait pas accompagné cette délégation de députés français en Israël conduite par Françàis Zimmeray qui ont tous déclaré à leur retour, en substance : "mon point de vue sur la barrière de sécurité à totalement changé, j'y étais hostile, ce que j'ai vu m'a permis de comprendre qu'il s'agissait d'un dispositif nécessaire".

Bientôt la troisième intifada, annonce Douste-Blazy. Pourquoi ? sans doute parce qu'en se faisant tirer dessus les israéliens montrent jours après jours leur mauvaise volonté; et de toute façon "la fameuse barrière", comme dit le Ministre, semble justifier par avance à ses yeux une troisième intifada.

Ce qui est extraordinaire dans cette nouvelle guerre annoncée des palestiniens contre Israël, c'est que l'on sait donc déjà à qui en sera attribué la faute.

Je pense pour ma part que la troisième Intifada n'aura pas lieu. Une prière, plus qu'une certitude.

Quant à Douste-Blazy, au lieu de répéter ce que dit Mme Shahid, il devrait peut-être commencer à s'informer sur les réalités du conflit israélo-palestinien en vue d'une bonne réception à l'automne prochain à Paris du premier ministre israélien Ariel Sharon.

mercredi 22 juin 2005

La comparaison moins bete qu'immonde d'un député de l'UMP

[Alerte Vigilance]

Didier Julia a osé comparer la "résistance irakienne" à la Résistance française sous l'Occupation : "les résistants français ont été considérés comme des terroristes par les nazis puis ensuite considérés comme des libérateurs" (22/06/2005 / AFP 18 h 46)

Monsieur Julia assimile donc à un discours nazi le fait de considérer comme des terroristes les équipes irakiennes ou étrangères dirigées par Al-Qaida. Au renversement opéré par les nazis en traitant de "terroristes" ceux qui au péril de leur vie et par amour de la Vie s'attaquèrent aux infrastructures et parfois aux hommes de l'armée nazie, succède à présent le renversement de Julia, qui assimile la resistance française à de fanatiques criminels. Par cette comparaison insuportable, il insulte non seulement la mémoire de la résistance française, les victimes françaises du nazisme et de la collaboration, mais il insulte aussi les victimes civiles du 11 septembre 2001, il insulte tous ceux qui en Irak souhaitent la neutralisation des poseurs de bombes (souvent des kamikazes).

Prononcés par un député de l'UMP, ces propos constituent un acte d'une extrême violence contre nous tous, citoyens français attachés à la Républiques et à ses valeurs, celles-là même qui ont ispiré en France la résistance au nazisme, par delà les clivages politiques, les nationalités, les motifs personnels ou les formes d'engagement.

Il est malheureusement probable qu'une fraction conséquente de l'opinion pourrait se découvrir prête à suivre Monsieur Julia, travaillée qu'elle est depuis des années par les hyper-tolérants hautement médiatiques de l'intolérance. Combien de fois n'a-t-on entendu de braves gens ces dernières années déclarer sans sourciller que "Bush était pire que Hitler", et autres slogans concotés dans différents pays, y compris ceux visant à coudre une croix gammée sur le vêtement du Juif (d'après une juste formule d'Alain Finkielkraut) ?

Avec les déclarations de M. Julia, et au moment où la communauté internationale montre son désir d'aider le gouvernement actuel de l'Irak à sortir ce grand pays de ses immenses tourments, chacun --- journalistes, anciens résistants, militants politiques, philosophes, historiens, sociologues, écrivains, enseignants, simples citoyens --- est en quelque sorte sommé d'éclaircir rapidement sa pensée quant à la nature de ceux qui ont battu, menacé de mort, et enfermé Florence Aubenas pendant 150 jours dans une cave, ceux-là dont le fanatisme absolu et le goût de la mort ne sont niés qu'au prix d'un formidable voilage de face (*).

Par la même occasion, les plus audacieux de nos chroniqueurs en profiteront certainement pour nous dire à quoi, selon eux, correspond l'explosion des ventes de Mein Kempf, en Turquie, en 2005. "Un progrès de la résistance des peuples dans son combat glorieux contre l'impérialisme américain et contre l'antité sioniste ", peut-être ???

(*) On entend souvent dire que l'on a peur de ce que l'on ne connaît pas. Le malheur n'est-il pas qu'il existe aussi des choses ou des êtres dont on a d'autant plus peur qu'on les connait ?

mardi 21 juin 2005

"Pour un oui, pour un non" ou quand le Figaro vole au secours du Monde...

A propos d'une méchante petite chronique de Stéphane Denis, publiée ici :

la chronique de S. Denis du 21/06/2005 sur le site du Figaro

Anatole vous propose quelques commentaires, au fil du texte :

> Le journal
Le Monde a été condamné pour avoir publié un texte sur le
> conflit du Proche-Orient.


Telle est la première phrase de l'article de S. Denis. Drôle de formulation tout de même, qui suggère faussement que la liberté de la presse serait gravement attaquée : ce n'est évidemment pas "pour avoir publié un
texte sur le conflit du Proche-Orient" que le journal "Le Monde" a été
condamné, mais bien pour avoir publié ce texte-là, un texte
radicalement antisioniste, assimilant Israël à l'Allemagne nazie, et un
texte explicitement antisémite, accusant collectivement "les Juifs" de
"faire preuve d'une terrible inhumanité".

> Il portait sur Israël et la Palestine, sujet qui touche aux passions
> bien qu'à la longue le sentiment du public se soit émoussé.

Passion du public, ou passion de certains journalistes ?

> Ça n'a pas fait de bruit parce que ces articles qui rassemblent
> plusieurs signataires sont monnaie courante et que la pétition est un
> genre nombreux, presque discrédité.


Malheureusement, les raisons pour lesquelles les propos infâmes tenus dans l'article incriminé n'ont pas fait davantage de bruit sont plutôt qu'ils se sont trouvés noyés dans un bruit de fond général, en vérité des plus assourdissants pour qui avaient des oreilles pour entendre, un bain de désinformation, de calomnies, de mensonges, de délires parfois, dans lequel l'opinion n'a cessé d'être plongée depuis notamment le début de la guerre AL Aqsa décidée en son temps par Arafat contre Israël.

Ce qui n'a pas fait de bruit du tout dans les medias, c'est par contre la
condamnation du Monde pour "« diffamation raciale » envers le peuple
juif" par la Cour d'Appel de Versailles, jusqu'à cet article de S. Denis bien sûr...


> Il existe des associations qui, elles, redoublent de vigilance et de
> hargne à défendre leur point de vue, peut-être à cause de la
> désaffection du public pour ce problème venu de loin et qui semble
> insoluble.

En matière de lutte contre l'antisémitisme, souligner la vigilance des associations, c'est leur rendre hommage; quant à la "hargne" (celle de Stéphane Denis à défendre sa corporation ?) ce n'est qu'un petit mot pour tenter de masquer la haine envers Israël et envers les juifs que manifeste l'article condamné. Car qui, en effet, se trouve essentiellement confronté à la "désaffection du public", sinon les médias eux-mêmes dont S. Denis prend ici, collectivement la défense, sonnant le tocsin de la liberté de la presse ?

> Ce sont ces associations qui ont obtenu la condamnation du Monde et
> des personnalités signataires.

Par la Cour d'Appel de Versailles, qui l'a prononcée.

> Ces condamnations sont de plus en plus répandues ; pour un oui, pour
> un non, il est déclaré que tels ou tels propos sont inadmissibles et
> dépassent les limites de la bienséance, voire de la polémique.

"Pour un oui, pour un non" : pour Stéphane Denis, souffler sur les
braises de l'antisémitisme, ce sont des broutilles. En pleine
explosion du sentiment anti-juif et anti-israélien en France et dans le
monde, qualifier les Juifs de « peuple dominateur et sûr de lui » et «
peuple méprisant ayant satisfaction à humilier », faire passer la
politique israélienne pour du nazisme et comparer le sort certes
malheureux du peuple palestinien à la Shoah, ce n'est là pour Stéphane
Denis que broutilles. Il est vrai que s'agissant de l'orientation
générale et méthodiquement suivie, jour près jour depuis des années par
l'ensemble des médias français à de quelques très rares exceptions, on
comprend que pour ce monsieur il n'y ait pas de quoi fouetter un chat.

> Il est entendu qu'on ne commente pas une décision de justice,
> affirmation qui n'a jamais été suivie d'effet car la justice liée,
> surtout en France, à la politique et à l'histoire a toujours été un
> révélateur de l'état de la société. Déjà celle de Robert le Pieux
> faisait se tordre ses loyaux sujets.

Qu'est-ce qu'on se marre !!! Merci Stéphane Denis, le coté comique de
cette condamnation nous avais échappé...

> Loin d'être immanente et de siéger dans l'Olympe où régnait d'ailleurs
> l'arbitraire le plus total, elle est dans ce pays changeante et
> moutonnière, soumise aux régimes et, depuis peu, à l'air du temps
> auquel elle essaie désespérément de s'adapter. «On ne commente pas une
> décision de justice» a toujours, par le passé, été suivi d'un «mais»
> qui permettait d'ajouter tout le mal qu'on en pensait. Dorénavant le
> commentaire fait partie de la justice elle-même qui ne s'en prive pas
> et nourrit, au demeurant, de nombreuses rubriques des journaux.


> En cela, la condamnation du Monde n'aurait rien de particulier si elle
> n'arrivait à son heure dans le grignotage incessant de la liberté
> d'expression.


Grave accusation, à développer. Stéphane Denis suggère-t-il que nous nous trouvions dès à présent dans une dictature ?

Veut-il suggérer qu'en France toute la presse serait aux
ordres du Quai d'Orsay, de l'Elysée ou même de l'AFP ???



> Qu'elle porte sur une opinion relative au conflit du Proche-Orient n'a
> rien d'étonnant ; il y en a en permanence et, comme on l'a dit, les
> camps en présence se surveillent l'un l'autre. Elle pourrait porter
> sur tout autre sujet.

A écouter le dialogue Boniface/Schemla avec des deux "camps", sur
http://www.proche-orient.info/xaudio_article.php3?id_article=42502,
au cours duquel la condamnation d'Edgar Morin, Sami Naïr, Danièle Salenave et le journal le Monde ont été évoquées.

> L'important est qu'elle attribue aux signataires
> du texte incriminé des sentiments infamants, à l'opposé de ce que l'on
> sait d'eux (je ne les connais pas)

A l'opposé de ce que l'on sait sur ce que l'on ne connait pas... il n'y
a plus grand chose si ce n'est une rhétorique creuse...

En l'occurence, la question n'est pas de savoir si les sentiments des auteurs sont tels ou tels, mais de savoir ce qu'ils ont écrit.

> et de l'intention manifeste de ce qu'ils ont écrit. Pour formelle et
> anecdotique qu'elle soit, cette interprétation du tribunal (qu'un
> autre pourrait aisément démentir) en prend une dimension insupportable
> et inquiétante pour l'avenir. L'extrême susceptibilité des gens en
> place et de ce genre d'associations à tout ce qui s'apparente peu ou
> prou à une opinion est un réflexe qu'ils veulent communiquer par
> intimidation à la société tout entière, convoquée sans cesse à
> censurer le moindre propos qui ait de la couleur et des mots un peu
> vrais.

"un peu vrai" !!! Rassurez-vous monsieur Denis, j'imagine que
personne ne songera à vous poursuivre en justice pour cet édito un peu pourri, où des propos antisémites, je m'appuie sur le jugement, sont par vous qualifiés de "moindres propos" et d'"un peu vrais".

Le Monde avait inventé le "vrai-faux" (jusqu'à ce que le médiateur du journal Le Monde, dans une chronique mémorable, siffle la récrée), le Figaro, sous la plume de S. Denis, se lance dans "l'un peu vrai". Or onb parle d'accusation visant le peuple juif, collectivment et en tant que tel, à l'exception notable d'une courageuse et remarquable minoritée (je cite à peu prêt), l'exception faisant la règle on voit, et le tribunal a vu, ce qui était écrit noir sur blanc dans ce texte (à lire sur [mettre un lien]).

Un peu vrai...


> On l'a vu pendant la campagne du référendum, dont certains,
> aujourd'hui, disent en frissonnant qu'elle a pris des allures de
> guerre civile. Ce fut peu de chose à côté de débats antérieurs. La
> lecture de celui de la CED, qui permit en 1952 à Jacques Duclos de
> traiter Robert Schuman de Boche, ferait pâlir ces âmes sensibles. Pour
> qui préfère la période gaullienne, il est facile de se reporter aux
> riches heures du référendum de 1962, et les amateurs de socialisme
> pourront plonger dans les journaux de 1981. Personnellement au cours
> de cette campagne pour le oui ou le non, je n'ai entendu que des
> paroles convenues et souvent sincères ; même, on aurait aimé un débat
> un peu vif.

On n'est pas non plus obligé de souffler sur les braises, plutôt croire que la raison l'emportera (tant il est vrai que la réalité s'impose finalement à tous).

> [... ] [Oui/Non][je passe]


> Dans l'affaire du Monde, on chercherait en vain l'atrocité et
> l'arrogance en question. La tribune était sans équivoque. Elle
> reprenait les propos du général de Gaulle sur «le peuple dominateur et
> sûr de lui»

Là, Denis, vous touchez un point sensible. Car en
effet, le général de Gaulle, aussi incroyable que cela puisse paraître
à ceux qui pensent que de Gaulle était comme Dieu (alors que c'est Mitterrand qui l'était, rappelez-vous...) a tenu ces propos révoltants sur le peuple juif, marquant le début de l'hostilité permanente et profonde du Quai à l'égard d'Israël. Soyons clairs : les propos de de Gaulle était condamnables, et leurs conséquences auront été desastreuses. Qualifier un Peuple d'un terme moral est toujours très délicat, quand ce terme est négatif, "dominateur", on a franchi une frontière. Quant au "sûr de lui", c'est heureusement parfois vrai, et cela pourrait certainement être pris pour un compliment, mais très difficilement dans la séquence complète "peuple dominateur et sûr de lui", dont il est difficile de ne pas voir le caractère diffamatoire à l'égard du peuple ainsi désigné.

> dans un contexte accru par l'aggravation de la situation faite aux
> Palestiniens ;

Il faudrait donner une vision peut-être plus complète dudit contexte, mais enfin on ne s'attendait tout de même pas à ce que S. Denis porte un regard équilibré sur la guerre Al-Aqsa conduite par Arafat
pendant presque 5 ans...

> elle concluait à l'imposition d'un ordre impitoyable,

"une terrible inhumanité" dit même le texte, par où l'on voit que de
victimes du premier crime contre l'humanité qualifié comme tel, les Juifs seraient devenus pour "le penseur de la complexité" Edgar Morin, co-auteur du texte, des êtres aux actes inhumains [... ]

> par le plus fort [... ]

ces "plus forts" (mais ce n'est pas si simple, car les conflits
assymétriques montrent de quelles armes les plus faibles disposent
parfois dont les plus forts, notamment lorsqu'il s'agit de démocraties,
ne peuvent ou ne veulent user) auraient-ils été désignés par "les
israéliens", que le texte incriminé n'en n'aurait pas moins été odieux;
mais c'est bien par "les Juifs" qu'ils sont désignés, et c'est
d'ailleurs là la raison de la décision de la cour d'Appel de Versailles.

> [... ]au plus faible. La cour a trouvé ces imputations outrancières et
> ajouté que la liberté d'expression comporte des devoirs et des
> responsabilités. Justement. C'est à l'exercice de leur responsabilité
> que les signataires, qu'encore une fois je ne connais pas et dont les
> oeuvres ne me sont pas familières, ont manifestement songé en
> s'engageant par écrit.

Si l'on suit S. Denis, tout auteur, écrivant ce qu'il écrit,
exerçant donc sa responsabilité, se voit par conséquent autoriser à écrire toute saloperie qu'il lui plaira puisque, selon S.
Denis, du fait d'écrire il satisfait bien aux devoirs et responsabilités que comporte la liberté
d'expression.

Joli sophisme, dont on voudrait savoir ce qui empêcherait S. Denis de l'appliquer à un livre actuellement très vendu dans un pays frontière de l'Europe, je veux parler de Mein Kampf, d'Adolf Hitler, qui fait actuellement un tabac en Turquie.


> Certainement partial, leur texte concernait un sujet qui l'est tout
> autant.

Un texte partial, je vois, mais un sujet partial ? il n'y a pas de "sujets partials", monsieur Denis, il n'y a qu'idéologies et confusion d'esprit. "Sujet partial"... un peu n'importe quoi, non ?


> Écrire là-dessus n'a aucun intérêt si c'est pour recopier les
> résolutions de l'ONU. Il est extrêmement regrettable qu'il ait
> entraîné une condamnation pour diffamation raciale et je remplacerai
> volontiers regrettable par stupide.

> Les journaux qui s'interrogent ces jours-ci sur ce qu'il faut écrire
> et ce qu'il ne faut pas écrire [...]

(Comme le rappelle Annie Cohen-Solal dans un très intéressant article
du Monde (21/06/2005) consacré à Sartre, Libération fut créé avec le
but de "donner la parole aux journalistes qui veulent tout dire"; de
fait, qu'on le veuille ou non, ce n'est pas si simple...)


> Cette formule pompeuse [il s'agit de la formule "Divulguer ce qu'on >sait [...] serait préjudiciable aux intérêts de la France"]
>et surtout très vague a l'avantage d'être
> comprise par tous et de laisser aux journalistes une marge
> d'appréciation hélas voisine de zéro. C'est contrariant, mais le moyen
> de faire autrement ? [...] Si parler peut
> causer des dégâts, autant se taire. En revanche, pourquoi ne pas
> s'interroger sur la nécessité d'envoyer des gens en Irak ou sur la
> contre-productivité du barouf fait par notre diplomatie et les médias
> eux-mêmes ? [ces thèmes] passionnent
> davantage les journalistes qu'une banale condamnation à 1 euro de
> dommages et intérêts. Leur intérêt, pourtant, est ici manifeste et les
> dommages, si on ne met pas fin à cette tutelle judiciaire des opinions
> admises ou refusées, seront considérables. Pour l'ensemble de ces
> raisons, il faut s'élever contre la condamnation du Monde.



Deux commentaires supplémentaires d'Anatole :

Moi non plus je ne suis pas pour la judiciarisation des opinions. Or, le racisme n'est pas une opinion, mais un délit, et l'antisémitisme est une forme de racisme. C'est ce qui a été sanctionné cette fois là par la justice.

1. Pour Monsieur Denis, l'article
de Morin & alter est au fond bien inoffensif : "pour un oui, pour un non", il "s'apparente peu ou prou à une opinion", c'est un "moindre propos" et la décision
de justice, reposerait sur une interprétation "anectotique", et serait finalement "stupide". Le procédé nous rappelle celui par lequel le
journal Libération rendait compte en son temps du départ du Lycée
Montaigne d'un élève juif victime d'agressions antisémites répétées de
la part d'autres élèves, auxquels le MRAP et la LDH avaient apportés
leurs soutiens au prétexte que ces derniers, d'origine maghrébine,
étaient eux-mêmes potentiellement victimes de racisme. Dans ce
court papier reprenant une dépêche rédigée AFP, Libération décrivait en ces termes
l'agression bien réelle : elle aurait consisté à avoir été traité par l'un des agresseurs de "sale juif", et par l'autre de : "minus". A la lecture de ce papier, le lecteur mal informait devait en déduite que décidément les Juifs faisaient beaucoup de bruit pour rien, criant à l'antisémitisme "pour un oui, pour un non". En attendant c'est l'enfant victime qui a dû quitter le Lycée.

2. Il se trouve que l'un des auteurs condamné de l'article du Monde non seulement parle beaucoup d'éthique, mais aussi qu'il revendique par ailleurs la dimension juive de son identité, il en témoigne dans l'un de ses livres, etc,... Pour nous, cela ne constitue en aucune façon un argument en sa faveur. En fait, et bien que l'origine
des personnes ne devrait pas être prise en compte dans la réception que nous en faisons, force est de constater la nocivité toute particulière des propos racistes lorsque ceux-ci sont tenus par des individus appartenant au groupe visé par lesdits propos, quelque part entre le masochisme pur et simple et l'obsession d'être celui qui balaie bien "devant sa porte" (en fait celle d'un autre). En France, les "juifs anti-juifs", ou disons plus gentiment, parce que tout le monde peut évoluer, ceux qui mettent en avant leur identité juive pour justifier des propos sur les Juifs à l'occasion d'attaques contre Israël dans son essence, propos il faut le souligner qu'on n'aurait jamais acceptés d'un antisémite patenté, sont eux adorés des médias dominants (et dominés), ils en ont parfaitement interprété la chanson ces dernières années, grand bien leur fasse...

3. On espère que le Sieur Denis fera mieux la prochaine fois, de toute façon nous le soutiendrons dans son combat pour la liberté d'expression (un peu mon neveu !) fût-ce en le critiquant de la façon la plus sèvère. [Enfin on n'y passera quand même pas trop de temps, on n'a pas que ça à faire après tout, et il y a bien d'autres choses à lire. Après tout, il ne nous lira sans doute pas, lui. Et comme on dit : "il n'y a pas que le Figaro dans la vie (il y a Le Monde aussi)".

dimanche 12 juin 2005

"Syndrome de Stockholm" contre les "Infidèles"

On a souvent pensé à eux, à Mme Aubenas de Libération, surtout, mais aussi à son guide, ancien militaire de l'armée de Saddam Hussein... Hussein justement de son prénom, dont un court-métrage de soutien diffusé en salle à Paris, avant le film, rappelait récemment qu'il était "un vrai patriote irakien".

Nous avions même signé une pétition pour leur libération, comme si cette signature avait pu avoir le moindre impact (à moins que notre mobilisation nationale n'ait surtout contribué à faire monter les enchères)...

De même que pour "Georges et Christian", nous nous sommes réjouis de la libération. Mais de même que pour "Georges et Christian", nous nous inquiétons à présent du "Syndrome de Stockholm" généralisé qui nous atteint.

Eloquant à cet égard l'interview de Hussein dans le journal "Le Monde". Extraits : à propos des ravisseurs, qualifiés de "plutôt modérés", l'ex-otage irakien rapporte ces propos : "Si tu es un patriote irakien, alors tu es un frère pour nous.", et précise : "Ils ont été très, très gentils avec moi tout au long de notre détention. Ce sont des patriotes islamistes irakiens, vous comprenez..."

"L'un de mes oncles, qui est pro-américain et avec qui j'avais des discussions sans fin, vient de me dire qu'il l'admettait désormais : les Français sont beaucoup plus fidèles en amitié que les Américains."

En résumé : il y a d'un coté les patriotes irakiens, otage irakien et preneurs d'otage confondus, avec leurs amis fidèles : la nation française, état, peuple et journalistes confondus (et à ce sujet, les déclaration de Robert Ménard de RSF, un des plus grands soutients publics à Al-Manar et au Hezbollah en France, auront été aussi scandaleuses que lors de la prise d'otage de "Georges et Christian", mais on nous permettra de trouver l'absence de réaction à ces prises de positions largement aussi révoltantes), et de l'autre l'ennemi commun à cette valeureuse résistance, le représentant du Mal sur la Terre, j'ai nommé : les "américains", ceux qui en amitié comme ailleurs sans doute sont des... infidèles.

Demain Florence Aubenas fera une conférence de presse à Libé. Peut-être, espérons-le, dira-t-elle autre chose que ce que tout le monde attend ici : "merci, vous êtes merveilleux, c'est magnifique, continuez comme ça". Peut-être, espérons-le, dira-t-elle que ceux qui lui ont volé 5 mois de sa vie sont des salauds, que leur accoler le terme de "résistants" est une injure à l'esprit de résistance, et qu'il est temps que nous sortions du rêve tissé d'illusions par lequel nous essayons au XXIème siècle de nous voiler la face face au cauchemar d'un islamisme empruntant par bien des aspects au nazisme et au communisme du XXème siècle, la force d'un texte millénaire en plus.