mercredi 30 avril 2008

Non-traitement d'une information essentielle : lettre au journal "Le Monde"






Cher Gilles Paris, rédacteur du journal Le Monde,

Vous avez apprécié la courtoisie de nos échanges précédents, sachez que pour ce qui me concerne cela continuera de la même façon : ce style, outre ses nombreux avantages en terme de dialogue et de cordialité, constitue en lui-même un petit exercice amusant auquel je n'ai aucune raison de me soustraire.

Je voudrais par la présente m'étonner de ce que, sauf erreur de ma part, l'information selon laquelle, je cite
http://www.7sur7.be/7s7/article/print/detail.do?language=fr&navigationItemId=1505&componentId=258126


"Le ministère palestinien de la Santé a accusé dimanche [27 avril 2008] des membres du Hamas d'avoir ouvert le feu sur des camions-citerne qui devaient livrer des carburants aux hôpitaux de la bande de Gaza, soumise à un blocus israélien.

"Des membres du Hamas ont ouvert le feu dimanche dans la bande de Gaza contre des camions-citerne qui devaient livrer des carburants destinés aux hôpitaux de ce territoire", a indiqué un communiqué publié à Ramallah, en Cisjordanie, où se trouve le siège de l'Autorité palestinienne.


cette information, donc, n'a pas été donnée par votre journal à ses lecteurs. Dites-moi que je fais erreur et que cela m'aura échappé. En tout état de cause, une telle information jette une lumière tellement importante pour comprendre la situation à Gaza, que l'on peut s'étonner qu'un article important, signalé en première page, ne lui soit pas consacré. En outre, la chose est facile à vérifier : la "chose", c'est-à-dire non pas directement ce qui s'est passé, mais le fait que l'Autorité Palestinienne a bien fait ce communiqué. Du reste, si je ne l'ai pas trouvée en Français, il y a au moins une dépêche en anglais de notre agence de presse favorite, l'AFP, à ce sujet, dépêche donc l'article mentionné plus haut du site www.7sur7.be est la version française :

Sun Apr 27, 3:09 PM ET
RAMALLAH, West Bank (AFP) - The Palestinian health ministry in the West Bank on Sunday accused the Islamist Hamas movement of preventing the delivery of fuel oils to hospitals in the Gaza Strip.
"Members of Hamas in the Gaza Strip opened fire on Sunday on fuel trucks that were full of fuel destined for hospitals in the territory," the ministry said in a statement issued in the Palestinian political capital of Ramallah.

Dans l'attente de votre réponse concernant ce non-traitement par votre journal d'une information essentielle, je vous prie de croire, M. Paris, à l'expression de ma considération distinguée

Anatole Zed

PS 1: A propos de la mort dramatique d'une famille palestinienne le 28 avril dernier, j'ose espérer que vous donnerez dans votre journal toute sa place aux conclusions de l'enquête de l'armée israélienne, selon laquelle "il s’avère que la famille n’a pas été tuée par l’armée israélienne, mais par les explosifs que transportaient 2 terroristes". A moins de considérer la propagande de l'organisation terroriste Hamas comme plus crédible que les enquêtes diligentées par un Etat démocratique ami de la France, vous n'aurez dans ce traitement aucune raison de favoriser l'explication du Hamas.

PS 2 : Je fais de cette lettre une lettre ouverte en la mettant sur mon blog. Merci de m'indiquer si vous m'autorisez à y publier également votre réponse.

lundi 28 avril 2008

Le prix Bayeux a du style !

A propos d'un article de Vincent Hugeux publié le 24 avril dernier sur le site de l'Express et consacré à un reportage diffusé ce 28/04/2008 soir sur Canal + concernant "les guerres de l'information", nous avons envoyé le message reproduit ci-après à la rédaction de l'Express.

Précisons que Vincent Hugeux a reçu le "prix Bayeux" en 2005, prix attribué au journaliste pour un reportage en Ouganda; que dans son article sur le docu de Canal, M. Hugeux insulte MM. Karsenty et Landes en affirmant qu'ils font partie des
"spécimens les plus atteints par une forme pathétique de névrose obsessionnelle"; et ajoutons que nous n'avons reçu aucune réponse de M. Hugeux ni de l'Express.



From: Anatole
Date: 25 avril 2008
Subject: Le "prix Bayeux 2005" a du style !
To: emettout@lexpress.fr, courrier@lexpress.fr, vhugeux@lexpress.fr

Chers rédacteurs de l'Express,

Quel style, ce Vincent Hugeux ! Chapeau !

Je cite l'ami Vincent : "
[...] quelques-uns des spécimens les plus atteints par une forme pathétique de névrose obsessionnelle: citons l'historien Richard Landes ou le Français Philippe Karsenty".

Etre correspondant de guerre en Ouganda, ça donne des compétences en matière de psychopathologie, on dirait...

Mais le "
Prix Bayeux 2005" pourrait peut-être dans un prochain article ajouter à sa liste de "spécimens névrotiques obsessionnels" les noms de Richard Prasquier, président du CRIF, qui demande à son tour une enquête sur l'affaire en question.

Il pourrait sans doute aussi ajouter celui de sa consoeur Elisabeth Lévy, qui sur son blog reconnaît s'être trompée, comme l'ensemble de la profession, sur cette affaire.

Il pourrait peut-être encore inscrire dans sa liste de "névrosés obsessionnels",
le député Roland Blum, pour sa question posée le 8 novembre 2004 au gouvernement sur l'affaire France 2/Al-Dura.

Il pourrait même éventuellement mentionner, parmi les "spécimens"... Denis Jeambar, l'ancien patron de l'Express; je cite un extrait de son dialogue avec Shlomo Malka le 1er février 2005 sur la radio RCJ :


***

S. Malka : [...] Notamment quand Enderlin a dit, dans son commentaire, que Djamal et son fils sont la cible de tirs venus de positions israéliennes, ça c'est faux, et tout le monde en convient aujourd'hui.

D. Jeambar : Oui, tout le monde en convient aujourd'hui [...]


***

Et pourtant... entre "on nous cache tout, on nous dit rien" et "on nous cache rien, on nous dit tout", il y a la marge immense de l'investigation sérieuse, me semble-t-il...

Mais, pour dire les choses franchement, chers rédacteurs de l'Express, je trouve que les mots employés par Vincent Hugeux pour parler de MM. Karsenty et Landes est un genre de grossièreté qui mérite une interprétation politique.

Or, comment qualifier politiquement ce style d'insultes proférées par votre journaliste primé ?

Je vous laisse en décider; personnellement je ne le situerais pas du coté du débat d'idée, du désir de vérité, du sérieux et de l'intelligence.

Bien au contraire.

Très cordialement,
Anatole

jeudi 24 avril 2008

650 000 réfugiés ?

Selon l'AFP et selon ceux qui prennent la responsabilité de reproduire ses dépêches sans vérification, un habitant sur deux de la bande de Gaza serait un "réfugié :



D'où sortent ces chiffres fantaisistes (il y a eu 170 000 réfugiés en 1948) ? Mystère et boule de gomme... c'est-à-dire de la propagande du Hamas.

Nous avons noté il y a quelques jours que pour Associated Press, les "militants" palestiniens tuent des civils israéliens et tirent des obus de mortier. On sait depuis belle lurette le petit jeu de propagande auquel se livre l'AFP : ce n'est pas nouveau, mais il semble que ces derniers temps les agences se lâchent.

On dit souvent que lorsque des avancées pour la paix se profilent, les extrémistes font tout pour les bloquer. Je ne sais pas si les pourparlers secrets qui ont lieu actuellement entre Israël et ses ennemis mortels représentent des avancées (les islamistes n'ont jamais considéré la moindre "trève" comme un chemin vers la paix mais seulement comme une pause stratégique pour attaquer plus fort ensuite), mais il n'y a pour nous pas de doute qu'il nous faut compter ces agences de presse comme des alliés objectifs et conscients de ces forces obscures que sont, le terme est parfaitement bien choisi, les nazislamistes.

jeudi 10 avril 2008

Raid aérien contre des "militants"...

Extrait d'une  dépêche d'Associated Press  en date du 10 avril 2008, traduite en français et diffusée par le nouvelobs.com,

"un raid aérien a visé une voiture qui transportait des militants près de la ville de Gaza".

S'attaquer militairement à de simples militants, c'est injustifiable... sauf si la signification du mot "militant" doit être comprise à la lumière sombre de ces autres extraits de la même dépêche :

"Deux civils israéliens ont été tués mercredi par des militants palestiniens",

"Selon un porte-parole de l'armée, le major Tal Levram, quatre militants palestiniens se sont introduits dans le dépôt de carburant vers 15h heure locale et ont ouvert le feu sur leurs victimes."

"l'armée pensait que les militants tentaient en fait d'attaquer un kibboutz ou d'enlever un soldat."

"Selon des médias israéliens, les militants ont tiré des obus de mortier".

Cet usage du mot "militant" n'est pas seulement ridicule. Il n'est pas seulement mensonger (puisque l'armée et les médias israéliens n'ont pas parlé de "militants", mais de "terroristes". Il est criminel.

Assassinés par des... "militants" !

Extrait d'une dépêche d'Associated Press en date du 10 avril 2008, traduite en français et diffusée par le nouvelobs.com,

"un raid aérien a visé une voiture qui transportait des militants près de la ville de Gaza".

S'attaquer militairement à de simples militants, c'est injustifiable... sauf si la signification du mot "militant" doit être comprise à la lumière sombre de ces autres extraits de la même dépêche :

"Deux civils israéliens ont été tués mercredi par des militants palestiniens",

"Selon un porte-parole de l'armée, le major Tal Levram, quatre militants palestiniens se sont introduits dans le dépôt de carburant vers 15h heure locale et ont ouvert le feu sur leurs victimes."

"l'armée pensait que les militants tentaient en fait d'attaquer un kibboutz ou d'enlever un soldat."

"Selon des médias israéliens, les militants ont tiré des obus de mortier".

Cet usage massif du mot "militant" n'est pas seulement ridicule.

Il n'est pas seulement mensonger (puisque l'armée et les médias israéliens n'ont pas parlé de "militants", mais de "terroristes").

Cet usage mensonger du terme "militant" est criminel.


Oui, quand on considère l'impactsur les esprits des "informations" en provenance du Proche-Orient, un tel détournement du sens des mots est proprement criminel.

Nous ne cessons de le dénoncer avec l'emploi impropre d' "activiste", mais avec "militant" cette propagande criminelle franchit clairement un pas supplémentaire.

(Nous n'avons pas recherché le texte original, en anglais, d'AP, et le nouvelobs.com n'indique pas qui a traduit cette dépêche en français. Ce n'est pas à nous de le faire, que le Nouvelobs.com et l'AP se débrouillent entre eux).

Précision sémantique. Si l'origine étymologique de "militer" est, au XIIIe siècle, militaire, Le Grand Robert précise, s'agissant du sens du verbe "militer" depuis le début du XIXe siècle, que "militer exclut l'action violente, l'emploi de la force".

jeudi 3 avril 2008

Iman al-Hams

Suite au limogeage de l'ex-sous-préfet Guigue, on a pu lire sur Rue89 des articles soutenant Guigue, tel celui de Tom Hill, qui écrit notamment :

"Qu’Israël torture, qu’on n’y travaille pas le Shabbat, qu’au moins une tristement célèbre écolière palestinienne ait été tuée par un sniper israélien chemin de l’école (à Rafah, soyons précis; elle s’appelait Iman al-Hams), sont des faits que nul lecteur honnête et averti ne songerait contester".

La mort dramatique, sous des balles israéliennes, le 5 octobre 2004 à Rafah, au sud de la bande de Gaza, d'Iman al-Hams, écolière de 13 ans muni d'un simple cartable est un fait que personne à notre connaissance ne conteste.

Cependant, les circonstances du drame ne sont pas présentées de la même façon par les Palestiniens et les Israéliens. Lorsque Tom Hill écrit qu'Iman al-Hams a été tuée "par un sniper israélien chemin de l'école" (ce qu'il faut certainement lire "sur le chemin de l'école") il reprend certes la présentation reproduite à des milliers d'exemplaires sur les sites "pro-palestiniens", mais il se trouve absolument contredit par le récit de Jean-Paul Mari du Nouvel Observateur et par l'interview que lui a accordé en juin 2005 la porte parole de l'armée israélienne, Ruth Yaron. Jean-Paul Mari précise en effet dans son article que la jeune fille "été entrée dans le périmètre interdit de 300 mètres autour d’un poste militaire", et Ruth Yaron précise : "une chose est sûre : elle n’était pas sur le chemin qui va à son école".

Il faut tout de même se souvenir de l'utilisation croissante à cette époque, par le terrorisme palestinien, de femmes et d'enfants : des femmes sont munies de ceintures d'explosifs, les enfants sont systématiquement envoyés dans les zones les plus dangereuses quand les "grands frères" restent, armes à la main, planqués à l'arrière. On comprend dans ces conditions que Ruth Yaron se demande "si cette gosse a été utilisée pour tester [les] défenses [israéliennes]", ce qui expliquerait en effet sa présence non pas "sur le chemin de l'école", mais dans une zone militaire interdite.

Ceci étant, nous ne savons pas ce qui s'est passé exactement ce jour-là. Un soldat israélien a-t-il achevé à bout portant l'enfant, comme beaucoup le disent ? Si cela est vrai, pour quelle raison ? Pensait-il avoir affaire à un jeune terroriste suceptible de se faire exploser s'il n'était pas abattu ? Ou bien ce soldat avait-il "pété les plombs" et succombé à des pulsions criminelles ? Nous ne le savons pas.

Il est absolument normal que la famille d'Iman al-Hams ait demandé des comptes à Israël, et plus généralement que tous ceux, Palestiniens ou Israéliens, épris de justice et de vérité, aient en effet demandé à l'armée israélienne de s'expliquer sur la mort dramatique de cette enfant.

Que le soldat israélien qui a tiré sur Iman al-Hams ait agi de façon appropriée étant donné un risque d'explosion kamikaze qu'il avait le devoir de prendre en compte, ou bien qu'il se soit montré incapable d'évaluer correctement la situation, ou bien encore, ce qui fait une énorme différence, qu'il se soit agi d'un fou criminel assassinant délibérément une petite fille, on ne peut pas oublier que ce drame n'aurait pas eu lieu si les terroristes palestiniens n'avaient pas pris l'habitude d'envoyer des enfants dans les zones les plus dangereuses.

En tout état de cause, suggérer comme l'a fait Bruno Guigue que l'Etat d'Israël aurait donné l'ordre à ses soldats d'assassiner les petites filles palestiniennes à la sortie de l'école relève de la propagande pure et simple.