vendredi 28 juillet 2006

Consensus disproportionnel

Alors que presque tous s'accordent pour accuser Israël d'avoir une riposte disproportionnée, peu se soucient de préciser à qui et à quoi Israël riposte (quand les termes ne sont pas purement et simplement inversés, comme avec ce titre du Monde (29/07/06): "Le Hezbollah réplique aux raids israéliens avec des roquettes de longue portée").

une "réplique" ?

Alors que notre opinion publique s'accorde, informée par les journaux télévisés qui lui montrent les images de "la crise au Liban", pour accuser Israël d'avoir une riposte disproportionnée, peu se rendent compte de la disproportion dans le traitement de l'information lorsque "la crise en Israël" est proportionellement passée sous silence.

Alors que "la communauté internationale" se félicite discrètement de ce qu'Israël fasse le sale boulot, vital pour lui, qui consiste à combattre militairement une organisation militaire terroriste disposant de 12 000 missiles et se servant des populations civiles comme bouclier humain, l'opinion internationale tient plus que jamais Israël en horreur.

Je l'ai déjà dit, on ne peut pas exclure a priori des erreurs de l'armée israélienne, et si des abus sont commis, il faudra les dénoncer. Mais la nature de la menace doit nous inciter à la plus grande prudence : nous sommes aussi dans une guerre de l'information, et il est impossible à qui cherche à se faire une idée aussi objective que possible de ne pas tenir compte du parti pris anti-israélien qu'auront manifesté nos médias depuis des années, parti pris bien documenté par exemple dans les dossiers de l'OMJ.

Lorsque discutant hier devant la Sorbonne avec quelques personnes rassemblées en soutien au Liban j'ai entendu une jeune française, médecin, m'expliquer que les blessures qu'elle avait vues avaient été causées par des bombes à fragmentation, j'ai été troublé : et si c'était vrai ? Je ne connais pas grand chose aux armes, et à vrai dire je doute fort que ce médecin ait les compétences militaires lui permettant de soutenir son affirmation. Comment d'ailleurs exclure que certaines blessures résultent de l'explosion de stock d'armes du Hezbollah, quand on sait que les terrorites islamistes, comptant sur les dommages causés aux civils libanais pour marquer des points dans la guerre des images, se terrent avec leurs armes au milieu des civils ?

Il est légitime que les libanais et leurs amis manifestent leur solidarité avec leur pays meurtris, mais comment expliquer que parmi les affiches disposées là par ces personnes, aucune ne dénonce le Hezbollah ? " Le combat contre le Hezbollah est une affaire interne au Liban", m'a dit une jeune journaliste libanaise que venait d'interviewer une équipe d'Arte... comme si le tir des missiles sur Israël, et depuis vendredi 28/07/06 de missiles Zilzal I d'une portée de 125 km, était une affaire interne au Liban !

Et comment comprendre que, si cette journaliste libanaise se souvenait peut-être, vaguement, avoir vu les milices Hezbollah faire le salut nazi, ce n'était le cas de personne d'autre, pas plus que des membres de l'équipe d'Arte qui réalisait le reportage en question ?

Disproportionnée la réplique israélienne, comme l'affirme le parti socialiste dans ses récents communiqués sur "la crise au Liban", parti qui souhaite également que le Hezbollah puisse "revenir" (!) dans la communauté politique ? Pour en juger, il faudrait déjà répondre aux questions suivantes, posées par Raphaël Barak dans un article récent de Libé :


"que faire, quand les terroristes du Hezbollah, avec l'aide de l'Iran et de la Syrie, cachent plus de 12 000 roquettes et missiles, dans des zones urbaines surpeuplées, dans des villages, dans des maisons habitées et même dans des mosquées ? Que faire quand le Hezbollah se sert de la population libanaise comme bouclier humain et s'installe chez eux pour lancer des roquettes sur Israël ? Israël ne vise pas le Liban mais l'infrastructure terroriste. Il empêche également l'acheminement de roquettes en provenance de l'Iran qui se trouvent, en ce moment même, à la frontière syrienne avec le Liban. Avant chaque attaque, nos forces militaires distribuent des tracts pour demander aux civils de quitter les zones où se trouvent des infrastructures terroristes. Notre armée préfère renoncer à l'avantage de l'effet de surprise, afin d'épargner des vies innocentes."

Finalement, il y a deux consensus différents : d'une part celui de l'opinion publique, partagé et soutenu par une grande partie des médias, des partis politiques et des pouvoirs publics, pour condamner Israël et ses ripostes "disproportionnées" ("comme toujours", précise même un article du Monde) et dont nous risquons en septembre prochain de voir l'expression sous sa forme la plus grossière dans des manifestations hostiles à Israël et au peuple juif; d'autre part le consensus de nombreux chefs d'états, plus discret mais qui se traduira bientôt dans la réalité,quant à la nécessité absolue de désarmer le Hezbollah. De ce coté là, tout le monde semble à peu près d'accord maintenant pour que soit mis en place une force d'interposition internationale avec de véritables moyens (et il en faudra !) pour neutraliser le Hezbollah et permettre au Liban de retrouver sa souveraineté notamment sur le sud Liban. Il semble que la France désire donner le sentiment de vouloir jouer un rôle de premier plan dans une telle force : les combats à venir entre soldats français et troupes du Hezbollah seraient peut-être l'occasion pour l'opinion publique de notre pays de prendre, enfin, conscience de la nature de la menace qui pèse sur les démocraties. A moins que notre pays ne se dégonfle (pschittt...) et préfère continuer à compter sur Israël tout en l'accusant de réponse disproportionnée ?

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