vendredi 24 juin 2005

Les tolérants de l'intolérable, ou quand "les intellos" soutiennent un texte raciste...

L'article de Stéphane Denis (voir notre article "pour un oui, pour un non") dans le Figaro se concluait par un appel à condamner la condamnation du Monde et les trois auteurs de l'article antisémite incriminé.

Appel entendu, puisque plus d'une centaine de personnes, dont beaucoup d'universitaires et de journalistes, viennent de signer un texte publié ce matin dans Libé,
ci-après appelé "texte de soutien", qui apporte donc son soutien aux auteurs du texte incriminé.

La mauvaise foi dudit texte éclate dans le simple rapprochement entre le texte incriminé et le texte de soutien, rapprochement sur lequel notre correspondant [UG] attire notre attention :

D'après le texte de soutien, on peut lire que : « les critiques s’adressent non à un peuple mais à un occupant ».

Dans le texte incriminé, on lit : « On a peine à imaginer qu’une nation de fugitifs, issus du peuple le plus longtemps persécuté dans l’histoire de l’humanité, ayant subi les pires humiliations et le pire mépris, soit capable de se transformer en deux générations en peuple dominateur et sûr de lui, et à l’exception d’une admirable minorité, en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier. »
- « Les juifs d’Israël, descendants des victimes d’un apartheid nommé ghetto, ghettoïsent les Palestiniens. Les juifs qui furent humiliés, méprisés, persécutés, humilient, persécutent les Palestiniens. Les juifs qui furent victimes d’un ordre impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux Palestiniens. Les juifs, victimes de l’inhumanité, montrent une terrible inhumanité. Les juifs, bouc-émissaires de tous les maux, « bouc-émissarisent » Arafat et l’Autorité palestinienne, rendus responsables d’attentats, qu’on les empêche d’empêcher. »



Parmi les signataires, Laure Adler, Jean Baudrillard, Esther Benbassa, Jean Daniel, Régis Debray, Emmanuel Le Roy Ladurie, Edwy Plénel, Alain Touraine, Michel Wieviorka.

Au coeur de l'argumentation de ces personnes, la contextualisation : seule une lecture de fragments décontextualisés conduiraient à comprendre l'article publié dans le journal du soir comme un texte antisémite. Pris dans sa globalité, il s'agirait en fait, selon eux, d'un texte équilibré tenant compte de la complexité du réel pour dénoncer la position d'un occupant comme elle l'aurait fait de n'importe quel autre. En fait d'équilibre, il s'agit d'un texte entièrement idéologique, dont le mécanisme central repose sur une "découverte" théorique "majeure" : il arrive que des victimes se transforment en bourreaux.

Grâce à ce "puissant" outillage théorique, que dans le cas des Juifs ou d'Israël on prendra soin d'appliqer sans le "il arrive" mais au contraire avec la certitude, étayée par... la lecture du Monde, de Libé, du Figaro et des dépêches de l'AFP, que cette transformation "victime-> bourreaux" est nécessaire, qu'elle est "la" clé pour comprendre le peuple d'Israël, Morin, Naïr et Sallenave ont activement participé à l'accusation plus tard reprise en geste par un Dieudonné : dans le conflit du Proche-Orient, les Juifs sont des nazis, les palestiniens des juifs.

Or, l'examen attentif des innombrables informations en provenance du Proche-Orient, l'analyse de leurs contradictions et des désinformations auxquelles elles donnent lieu, l'examen de l'histoire du conflit, en fait et malheureusement le simple bon sens lorsque l'on considère la différence entre une situation d'explosion démographique d'une population héritant de génération en génération du statut de réfugié et celle d'un peuple industriellement exterminé (en effet, cela n'a rien à voir), tout montre que l'accusation de Morin & alter est tout sauf rationellement soutenable, qu'elle est idéologique, simpliste et outrancière. Elle se situe au même niveau que les tags que l'on voit parfois dans les chiottes des cafés ou des cinés mettant un signe égal entre l'étoile de David et la croix gammée.

Les soutiens de Morin nous diront probablement qu'il ne faut pas extraire un tag de chiottes de son contexte. Moi je dis qu'ils sont la honte de notre pays, et c'est ce que l'histoire retiendra d'eux.

En attendant, nous devrons nous battre contre la guerre à l'intelligence menée par ces esprits autorisés, qui confondent délit d'opinion et liberté d'expression.

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Autres liens sur le sujet :

N'en déplaise à ses détracteurs, le délit d'opinion existe bel et bien en France

par N. Leibowitz, qui écrit : " La société française, ses élites du moins, ne semble plus connaître le sens des mots, ni ses propres devoirs et responsabilités. Bref, elle s'infantilise, ou veillit trop vite. Atteinte de perte d'équilibre, elle est rongée par un trouble dont on ne peut que redouter les effets [...]"

1 commentaire:

Anatole a dit…

En refusant de se rendre à Matignon au prétexte que le premier ministre avait également invité le FN (et alors que la LCR y était également conviée, ce qui n'a pas appelé de commentaires de leur part), les socialistes auront montré davantage de suceptiblité que les signataires du texte de soutien à Morin, Naïr, Sallenave et Colombani qui n'ont pas été gênés par la présence, dans la liste des "premiers signataires" (c'est-à-dire avant toute publication du texte) d'Alain de Benoist ("nouvelle droite") ou d'un militant royaliste...