jeudi 13 décembre 2007

Roland Dumas et la racaille

Ce matin, sur RCJ, Jacques Tarnero attire notre attention sur le témoignage de Mémona Hintermann, journaliste sur France 3, qui nous avait échappé : sur Canal +, mardi dernier, elle fait le récit très précis d'une tentative de viol par Kadhafi dont elle a été victime en 1984. Il faut écouter le témoignage de cette femme, jusqu'à la description d'une grande cicatrice sur le corps de Kadhafi, du coté droit, description qui constitue un élément matériel à l'appui de ce témoignage dont la sincérité est évidente.

Dans un cri du coeur, Mme Hintermann qualifie dans son témoignage Kadhafi de "racaille".

Merci au lecteur d'Anatole qui a laissé hier un commentaire évoquant l'émission "Ce soir ou jamais" (encore elle !) du mercredi 12 décembre 2007 avec pour invité Roland Dumas et Marc Edouard Nabe, et, pour relever le niveau, Bruno Tertrais, non cité par Frédéric Taddeï dans le préambule, avant le Soir 3, de l'émission. Dans ce préambule, on peut voir et entendre Roland Dumas se vanter d'avoir reçu son ami Kadhafi à l'hotel Ritz, mardi. Dire que cette expression d'amitié nous étonne serait très exagéré. C'est que, si au début de l'émission proprement dite, qui peut être revue sur :

http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr

Frédéric Taddeï (l'animateur de l'émission) précise qu'il n'est pas utile de présenter Roland Dumas, il ne nous semble pas, à nous, inutile de rappeler quelques aspects du personnage. Comme Alain Soral, dont Taddeï n'avait pas non plus éprouvé le besoin de rappeler qu'il était le mentor idéologique de l'activiste Dieudonné, Roland Dumas est lui aussi un admirateur des spectacles de Dieudonné. Roland Dumas est également l'un de ceux qui aiment à fustiger "le lobby juif" en France, comme nous l'avons entendu faire lors de l'émission "la bande à Bono" sur France Inter, il y a moins d'un an, sans soulever la moindre indignation ni des journalistes ni de personne. Bien entendu, au cours de l'émission "Ce soir ou jamais", Roland Dumas présente l'Iran actuel, sujet de l'émission, comme un pays inoffensif face auquel le danger réel serait Israël.

Sur ce sujet, la voix de Bruno Tertrais s'avère essentielle. Son article intitulé "Iran : inquiétant rapport" paru dans Le Monde le 7 décembre dernier doit nous alerter. En effet, Bruno Tertrais souligne un certain nombre de points qui montrent que le "désamorçage" apparent de la situation que représenterait ce rapport n'est effectivement qu'une apparence, puisque contrairement à la présentation qu'on en nous fait, et contrairement à la présentation qu'en ont fait les services américains eux-mêmes (pour des raisons évidemment politiques), ce rapport dit, je cite Tertrais :


"... beaucoup de choses inquiétantes. Plusieurs points méritent d'être soulignés. Premièrement, l'existence d'un programme parallèle, à vocation strictement militaire, depuis le milieu des années 1980, est confirmée pour la première fois. Deuxièmement, personne ne sait si ce programme demeure suspendu ou s'il a repris : en effet, le rapport ne s'engage pas sur ce qu'il en est advenu après juin 2007, et dit par ailleurs que deux agences de renseignement ont des doutes sur l'arrêt complet de toute activité à visée militaire.Troisièmement, l'on apprend, et c'est une vraie surprise pour tous les experts du dossier, que Téhéran aurait importé de l'étranger de la matière fissile de qualité militaire, sans que l'on sache ce que l'Iran a pu faire de cette matière fissile... Quatrièmement, les spécialistes américains nous disent clairement qu'au minimum Téhéran veut maintenir une "option nucléaire", c'est-à-dire se garder la possibilité à tout moment de faire une bombe atomique. Cinquièmement enfin, la communauté américaine du renseignement est devenue un peu plus pessimiste sur le temps qu'il faudrait à l'Iran pour produire dans ses propres installations suffisamment d'uranium hautement enrichi pour fabriquer la bombe : alors qu'elle évoquait traditionnellement la période 2010-2015, elle n'exclut pas désormais que cela puisse arriver dès 2009".

Ces remarques ne sont pas le point de vue de Tertrais, elles concernent le contenu même du rapport. On comprend dans ces conditions que Tertrais trouve la situation après ce rapport non pas moins, mais plus inquiétante qu'avant, par la démobilisation que ce rapport entraîne (il est d'ailleurs curieux de constater combien d'anti-américains font soudain davantage confiance à la présentation des services américains plutôt qu'à celles des iraniens eux-mêmes, Ahmadinejad ayant été parfaitement clair sur la volonté d'obtenir l'arme atomique au plus tôt).

Alors, pour la première fois, Israël a peut-être du soucis à se faire en ce qui concerne le soutien sinon de Bush, du moins des Etats-Unis. Petite consolation : la France, continue, elle, de réchauffer ses relations avec Israël, d'une façon il est vrai un peu curieuse : en votant à l'ONU la plupart des résolutions anti-israéliennes.

On le sait, avant Durban 2 en 2009, l'année 2008 sera l'année du concept attrape-opinion d'Alliance des civilisations, avec comme co-chef d'orchestre pour l'Europe le clone, "jeune" et sans paillettes, de Roland Dumas : Hubert Védrine. Je me demande si, d'une certaine façon, le lancement de cette campagne, n'était pas cette semaine, avec Kadhafi à Paris.

A cette occasion, Roland Dumas, recevant au Ritz la "racaille" Kadhafi, lui aura peut-être suggéré d'attribuer la prochaine édition de son "Prix Kadhafi des Droits de l'Homme" à Ahmadinejad ? Lorsque ce dernier viendra chercher son prix à Paris (rien ne s'opposera bientôt plus à une telle visite, puisque le rapport américain "prouve" la bonne volonté du président iranien), il pourra toujours faire un tour par le studio de "Ce soir ou jamais", et Taddeï pourra alors dire : "inutile de présenter le président Ahmadinejad"...

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