samedi 9 janvier 2010

Elisabeth Roudinesco dans "Répliques" du 9 janvier 2010.

Même sans mentionner la collaboration avec Hitler du Mufti Husseini, dont la petite fille Leïla Shahid fait l'éloge chaque fois qu'on l'interroge à ce sujet, même sans parler des crimes terroristes visant la population civile juive d'Israël commandités par le neveu djihadiste du Mufti, Yasser Arafat, sans avoir à évoquer la thèse négationiste à Moscou, en 1982, de Mahmoud Abbas ni ses propos récents affirmant que la guerre à Gaza était "pire que l'Holocauste", sans évoquer la collaboration entre les terroristes sunnites de Gaza et les nazis islamistes chiites de Teheran, Elisabeth Roudinesco reconnaît toutefois très clairement, à la 32ème minute de l'émission, l'existence du nazisme au sein du monde arabo-islamique en général, et chez les Palestiniens en particulier, puisqu'elle rapproche le discours du Hamas de la prose antisémite de Drumont --- certes décédé en 1917, mais dont le succès ultérieur implique évidemment qu'en disant "Drumont" Roudisnesco renvoit en réalité à l'antisémitisme génocidaire du nazisme et de ses collaborateurs --- et qu'elle reconnaît la place du Protocole des sages de sion et du livre d'Adolf Hitler, Mein Kempf, dans le monde islamique, je la cite :

"dans les pays arabo-islamiques l'antisémitisme : il est autorisé, il s'exprime, les livres sont vendus, mis en vitrine, il n'y a qu'à aller au Liban, dans la grande librairie française, on verra vos livres, à coté du mien, à coté de Mein Kempf, des Protocoles des sages de Sion et de Garaudy, dans la même vitrine, voilà [...] Quand on analyse les discours du Hamas, ce sont exactement les mêmes que ceux de Drumont".

Or, à la toute fin de l'émission, après une remarque de Finkielkraut sur l'accusation habituelle faite aux Juifs qui soutiennent Israël d'être en quelque sorte des nazis, remarque reprise par l'autre invité, Barnavi, Roudinesco affirme ceci :

"A l'autre extrême j'entends la même chose, j'entends la nazification de l'autre coté, de la part de tendances de beaucoup de Juifs d'extrême droite de nazifier l'adversaire. La nazification de l'adversaire elle existe des deux extrêmes, ça c'est absolument exact et ça ne va pas, bien entendu nous devons combattre ça, Il n'y a pas de nazis en Israël, mais il n'y en a pas chez les Palestiniens non plus".

Comment ne pas relever d'abord la totale contradiction dans laquelle elle se met --- certes au nom du juste constat d'une tendance préjudiciable qu'ont certains à traiter un peu vite leurs adversaires de nazis --- avec ses propos antérieurs de vingt minutes sur Mein Kempf, Drumont et le Hamas ?

Contradiction totale, donc, sous couvert d'une caractéristique constante de ce genre de discours : la symétrisation. Roudinesco accepte, lorsqu'on lui en parle, de récuser le délire qui (à la façon d'Edgar Morin dans son célèbre et scandaleux article) "nazifie" les Juifs qui soutiennent Israël, mais, si l'on peut dire, "en échange", sans doute pour pouvoir prétendre se maintenir dans une position qui serait neutre à l'égard du conflit proche-oriental, d'une interdiction de reconnaître ce qu'il y a de relation au nazisme dans le terrorisme islamiste du Hamas et des Brigades des Martyrs d'Al Aqsa du Fatah. Ce faisant, elle se met donc elle-même dans une position insoutenable de contradiction.

Mais il y a pire. A cette contradiction s'en ajoute une seconde, plus immédiate et évidente encore, puisqu'elle accuse dans son propos "beaucoup de Juifs" d'être d'extrême-droites dès lors qu'ils pointent la relation entre nazisme et terrorisme islamiste chez les Palestiniens. Or, que signifie cette accusation d'être "d'extrême-droite" ? Faut-il rappeler jeu de mot horrible de Le Pen sur "Durafour Crématoire", et le fait que ce personnage a toujours refusé le qualificatif infâmant d'extrême-droite ? Non, ce n'est pas nécessaire, chacun comprend que, dans notre pays, traiter quelqu'un d'extrême-droite est exactement équivalent au fait de le traiter de nazi.

Voici donc ce que fait Roudinesco : dans la parole même où elle dit qu'il faut se garder d'accuser l'autre d'être un nazi, elle porte cette même accusation contre "beaucoup de Juifs", au seul motif que ces derniers ont poursuivi un peu plus loin qu'elle une analyse qu'elle s'est interdite de continuer au profit d'une position contradictoire épargnant son ego.

Face à cette pensée fausse, on aurait aimé entendre des intellectuels autrement pertinents sur le thème abordé, qui ne sont jamais invités dans les médias, comme Gérard Huber ou Shmuel Trigano.

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